Mes petites amoureuses aux Escales Hivernales

Hier soir, Clémentine Collette et moi avons joué, en clôture du festival Escales Hivernales, notre lecture musicale, Mes petites amoureuses, dans le bistrot toujours très animé de la gare Saint-Sauveur. Personne ne nous a jeté de canettes. Merci infiniment à l’équipe d’Escales des Lettres pour son accueil et son enthousiasme. Merci aux nombreux proches venus nous soutenir, et au public pour son écoute. Merci enfin à Myn, Pauline et Claire pour les photos.

Villeneuve-d’Ascq

Cette semaine, j’ai décidé de vous emmener dans les rues (s’il est permis de les désigner ainsi) de Villeneuve-d’Ascq. Je ne pouvais que tomber amoureuse d’un tel cauchemar urbain, labyrinthique et désert. L’on y trouve tout ce que je préfère dans les villes, en particulier

Des tunnels, des chemins, des passerelles

et diverses voies inaccessibles au profane, étroites et sinueuses, cachées, taillées dans la verdure ou le béton. Il peut arriver que l’on ait un peu peur à ses bouts du monde, et l’on se perd inévitablement dans ses méandres alambiqués. Elle est parfaite pour moi.

Du style

Bien que la ville nouvelle se soit construite, dans les années 1970 et 1980, autour des villages d’Ascq, d’Annappes et de Flers, et bien que l’on trouve dans ces anciens villages des églises du XIè siècle (voir ci-dessous la traditionnelle rubrique Upper rooms & kitchens) et des châteaux du XVIème siècle comme sur la photo ci-dessous, ce que l’on retient de Villeneuve-d’Ascq, c’est avant tout son esthétique architecturale pauvre, très marquée par les années 1980, que ce soit dans le choix des matériaux ou dans les formes très alambiquées dessinées par ceux-ci. Il n’est pas jusqu’à ses arbres qui ne soient frappés, dans les rues les plus traditionnelles, d’un traitement capillaire futuriste.

De la campagne

Villeneuve-d’Ascq, c’est aussi le parc du Héron, des lacs et autres plans d’eau artificiels, des champs, des jardins communautaires, des cygnes, des canards, des chevaux montés de jeunes bourgeoises et des moulins de ville. Il me faut vous prévenir que Villeneuve-d’Ascq ne propose pas de camping, hélas, je le précise pour ceux d’entre vous qui déjà brûleraient de traverser la France, l’été prochain.

Des parcs d’activité (frénétique)

Ici, l’étincelante Pilaterie.

De l’art

Villeneuve-d’Ascq, c’est aussi le LAM et sa belle collection d’art brut, et c’est aussi l’art dans la rue, comme ci-dessous.

De l’habitat

Venons-en au fait. Maintenant que je vous ai convaincus de vous établir dans cette ville aux fascinants contrastes, parlons immobilier. Toutes les formes de l’habitat sont représentées ici : lotissements, petits et grands ensembles, maisons ouvrières, dédales modernistes, châteaux et anciennes fermes. Vous connaissez mon goût particulier et quelque peu pervers pour les géométries les plus alambiquées représentées dans le petit catalogue (non exhaustif) ci-dessous. Mais je ne veux pas vous influencer dans une décision si délicate.

Du fun

Zéphyrs embrasés.

Mickeys maison

caddies dans lumière vaporeuse

Mal assis, là

Pour ce nouveau défi lancé à nos fessiers, des photos prises sur le quai Hudson,  au forum vert et sur le boulevard du Comte de Montalembert.

Upper rooms & kitchens

L’église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours m’évoque Brooklyn, non pas en raison de son architecture (d’ailleurs très à mon goût) mais de son nom à rallonge – il me rappelle un peu la Brooklyn Faith Seventh-day Adventist Church, par exemple.

Dans un style plus XVIème siècle, voici l’église Saint-Pierre de Flers-Bourg. J’aurais aimé en donner une vue plus globale (j’admets que cet angle n’est pas idéal) mais il devait y avoir de la buée sur mon objectif le jour où j’ai fait les prises de vue et mes autres photos sont inutilisables. Ce n’est pas très sérieux de la part de la rédactrice en chef d’une rubrique aussi prestigieuse, me direz-vous ? Eh bien, faites donc une réclamation.

Ci-dessous, mon lieu de culte préféré ; je le trouve d’autant plus fascinant dans son contexte, car l’Oratoire Saint-Marc est étroitement inséré entre les immeubles que vous pouvez voir sur la photo, bien sûr, mais aussi entre l’hôtel de ville et le centre commercial. Si j’étais une heureuse Villeneuvoise, assurément, c’est ici que j(e n)’irais (pas) à la messe le dimanche matin.

Je trouve très triste le passé composé employé par l’église du Sacré-Coeur de Flers Sart : ça veut dire que c’est fini ? Nous l’avons déçu ? De l’autre côté de la porte, sous un autre bas-relief de Fernand Weerts, une phrase si déchirante que je n’ai pas le cœur d’en afficher ici l’image : « Il s’est livré pour nous ».

Je pourrais vous montrer d’autres églises encore mais je préfère clore cet incontournable dominical par des images de mignonnes chapelles.

1. à chapka de verdure

2. sans

3. Ste Philomène

Où est Ptchulli ?

Dans l’avion ? Mais non, voyons.

J’avais bien fait les choses ; je me suis dirigée vers l’aéroport avec beaucoup, beaucoup d’avance.

Une fois dans le bon terminal, j’ai trié les photos de mon séjour sur un siège doté d’une tablette, pour que le diaporama n’endorme pas mes proches, demain, à l’apéro. J’étais zen, vraiment (®Temesta). Puis je suis allée voir ce qui se passait du côté d’Iceland Air, pour me dégourdir les jambes (qui sont des femmes). Mon vol était annulé. La compagnie aérienne m’offre une nuit au Crowne Plaza, qui vibre du trafic aérien et qui est d’un effroyable mauvais goût.

(Sans les couleurs, on voit un peu moins combien c’est laid, mais je ne pouvais pas assumer ces rouges criards.)

Très déprimée, j’ai repéré un deli grocery à un kilomètre de l’hôtel ; je m’y suis acheté une bière qui s’appelle Rebel IPA et qui est assez forte. J’ai demandé au monsieur à la caisse de l’ouvrir pour moi. Marcher dans des vraies rues après avoir parcouru des couloirs froids à l’aéroport et posé ma lourde valise dans cet hôtel aseptisé, ça m’a fait du bien. Il y avait plein d’éléphants sur des barrières, dont un modèle que je ne connaissais pas : l’éléphant barrit, la trompe et les pattes antérieures levées. Je n’ai pas osé le prendre en photo à cause de ses heureux propriétaires mais, plus loin, j’ai trouvé une œuvre d’art qui vaut bien quatre éléphants.

(Courage, Madame.)

De retour au Crowne Plaza, je me suis assise au fond du parking, face à un mur très à mon goût, et j’ai bu quelques gorgées de ma Rebel IPA dans son emballage de papier en fumant une cigarette : comme une beatnik.

Et, bien sûr, poussant la provocation jusqu’à l’extrême, j’ai commis ce délit sous un drapeau américain.

Maintenant je me pelotonne dans mon affreuse chambre en essayant d’oublier les démarches vraisemblablement kafkaïennes qu’il me faudra engager demain pour m’incruster sur un autre vol, je finis ma Rebel en coutant WBGO et je retouche des photos. Je suis sûre que je suis punie par Jésus pour avoir manqué la messe de ce matin – mais, gros malin, si j’avais su, j’aurais pu ne pas la manquer : nous n’allons pas nous en sortir, Jésus et moi, si nous ne cessons de nous punir à tour de rôle. Que faire ?

Yes indeed

Je pars mais, autant vous prévenir, je continuerai de hanter les rues d’ici.

Frank Sinatra : Witchcraft

L’ironie de la situation m’apparaît soudain : je ne pourrai pas aller à la messe ce matin, je ne pourrai pas écouter Allison jouer de son orgue sacré dans son église, à cause du fucking Marathon de New York. Des millions de mécréants fluo me bloquent le chemin de la foi ! Salauds, païens !

In the upper closet (2)

La punition de Jésus et Marie n’étant toujours pas levée (je suis vraiment très en colère), ce ne seront en ce dimanche matin que cheap bondieuseries. Il faut parfois laisser les gens réfléchir peu.

J’ai dit non ! Je ne le connaissais même pas, il n’est pas mort pour moi et de toute façon il est PUNI, vous m’entendez ? J’ai dit, des bondieuseries.

Et puis tiens, juste par méchanceté, voilà une église dont le kitsch écrase toute possible lutte des classes. Ah ça, la United House Of Prayer For All People, elle m’a émue aux larmes.

Mal assis, là, spécial Brooklyn

Il m’a fallu un mois pour répondre en trois photos à la question essentielle posée ici et la réponse est oui. Je ne l’aurais pas cru à mon arrivée mais le bilan est sans appel, comme vous pourrez en juger par vous-même : l’on peut être mal assis, là aussi. Il n’y a pas de paradis sur terre pour nos fessiers délicats.

Gibney Dance

Ce soir, notre départ à la sortie de Gibney Dance, sur Broadway, a ressemblé à un tout petit feu d’artifices, avec des étincelles du groupe filant dans tous les sens et certaines que l’on croise par hasard quelques blocs plus loin (puis encore quelques blocs plus loin – je ne m’attendais vraiment pas à rire autant aujourd’hui), et d’autres non, alors je n’ai pas dit au revoir à tout le monde, comme si j’allais être là demain encore, et les jours d’après. Mais c’était une manière parfaite de dire à bientôt, que d’assister à une répétition de Cellular Songs, dont la première new-yorkaise aura lieu au mois de mars. J’attends la tournée européenne avec impatience. Je ne vous présente plus les merveilleux artistes et tout aussi merveilleuses personnes sur les photos ci-dessous. Notez juste que certains savent vraiment tout faire, y compris jouer du cor.

Legs up in Brooklyn

Bien sûr, j’ai pensé plusieurs fois, depuis mon arrivée, que New York se prêterait particulièrement aux jambes en l’air ; mais les jambes en l’air, c’était loin et je ne comptais pas forcément y revenir un jour. J’ai changé d’avis, ce matin, pour deux raisons : mon état lamentable requérait à l’évidence des mesures fortes, et puis cette rubrique semble amuser Allison – peut-être ce billet la fera-t-elle sourire, et alors je serai contente. En attendant, l’exercice a porté ses fruits sur mon moral. Je me sentais tellement bien dans mes baskets, dans les rues de Brooklyn, que j’aurais pu courir des heures. Ci-dessous, jambes en l’air au pied du Willimsburg Bridge, d’une maison typique avec escalier de secours et d’un tout aussi typique deli grocery.