Basta Now, c’est parti

Vendredi dernier, le lancement de Basta Now au Café Oto a été pour nous un enchantement. La plus grande partie de nos ami-e-s londonien-ne-s étaient de la fête, ainsi que mes deux meilleures amies venues de Lille pour l’occasion. Après ma discussion avec Jennifer Lucy Allan (que je remercie encore pour son enthousiasme et la finesse de l’échange), Jennifer Walshe a subjugué la foule, puis à son tour Ondata Rossa.

Ici, Dali applaudissant le discours de fin de résidence de Valentina.

J’aime beaucoup la photo ci-dessous, prise par mon Antique, d’autant qu’on voit sur les côtés quelques-un-e-s de nos ami-e-s, plus ou moins flou-e-s – Davide, Susumu et, à droite, Clémentine et William.

Hier, après avoir donné une interview à mon magazine préféré (à suivre), j’ai reçu ces photos des gérantes de la librairie Donlon (LA librairie dans laquelle nous allons au moins une fois à chacun des mes passages à Londres) : voici Basta Now en vitrine et en bonne compagnie. J’ai un peu l’impression de vivre un rêve adolescent et je suis infiniment reconnaissante pour cet accueil inespéré du livre, notamment (enfin) pour les retours de lecture très rassurants.

Little Trouble Girls

Samedi, j’étais sur Soho Radio (Londres) pour parler de quatre femmes musiciennes qui m’inspirent dans la géniale émission Little Trouble Girls de Marie aka Iko Chérie, qui sélectionne chaque mois des musiques de tous styles faites par des femmes. La session de samedi est désormais disponible à la réécoute ici. Merci Marie !

dublab

Il y a un an, Valentina et moi étions à Los Angeles. Cette année, j’y serai aussi un peu, d’une certaine manière : lundi (22) à 18h, heure française, un de mes mix sera diffusé sur les ondes de Dublab, prestigieuse radio de la mégapole, à l’invitation de Christeeeene, que je remercie infiniment pour sa confiance. Pour en savoir plus, cliquez ici

Au programme :

Katie Lou McCabe – Little Girl Lost
Bethan Kellough – A Song of Wings
Valentina Magaletti – She_Her_Gone
Olivia Block – En Echelon
Native Instrument – Vögel Unserer Heimat
Jennifer Walton – Throat Doxx
Klein – Hope Dealers
Jouska – Everything Is Good
Lost Girls – Drive
Jessica Sligter – The Endless End
Pôm Bouvier B – Jurmo
Voice Actor – Love

Noirlac

La semaine dernière, j’étais en résidence avec Soizic Lebrat à l’abbaye de Noirlac, à Bruère-Allichamps (Cher). Je dois à mon amie Aude Rabillon d’avoir rencontré cette incroyable violoncelliste et improvisatrice, qui m’a donc embarquée à bord d’un projet de livre-disque qui paraîtra l’année prochaine chez Mazeto Square. Soizic a enregistré son Solo Suite dans l’abbatiale, qui a une réverbération de 10 à 13 secondes ; l’ingé son Céline Grangey (dont je me suis rendu compte le jour du départ que je connaissais un très chouette duo dans lequel elle joue, Lila Bazooka) l’a suivie dans ce pari fou.

(Soizic et moi regardons voler un rouge-queue noir dans l’abbatiale de Noirlac. Super photo de Christophe Charpenel, avec son aimable autorisation)

Un rouge-queue noir ressemble à ça (j’ai zoomé, il était perché à 15 m du sol, mon appareil était mal réglé mais ça donne une idée).

Quant à l’abbaye de Noirlac, voici un petit aperçu de son cloître et de ses galeries ; l’abbatiale est la partie la plus haute du bâtiment.

Et moi, qu’est-ce que j’ai fait, pendant cette formidable et trop courte résidence ? J’ai profité du vélo prêté par Valérie (merci encore) pour me mettre en quête de différents centres géographiques exacts de la France (il y en a onze, selon les modes de calcul). Bruère-Allichamps est l’un d’eux. Oui, Mesdames, Messieurs et les Autres, le centre géographique exact de la France trône sur un rond-point,

au cœur de l’activité économique du village.

(à propos d’activité économique, comment appelleriez-vous un salon de coiffure à Bruères-Allichamps ?)

Mais j’ai aussi visité le centre exact de Saint-Amand-Montrond et celui qui se trouve sur l’aire d’autoroute de l’A71 ; une aire à laquelle on peut accéder à vélo, oui. Il faut dire que l’autoroute n’est pas la plus fréquentée de France – ceci n’est PAS une photo de confinement, je l’ai prise mercredi vers 10h30 :

Je ne comprends pas que cette région soit si délaissée, voire méprisée ; en ce qui me concerne, j’y ai tout aimé (sauf, comme partout ailleurs, le sort fait aux animaux). Le bocage est magnifique

les lacs & forêts, pas mal du tout

d’ailleurs les coquets villages centraux- de-France connaissent leurs charmes et n’hésitent pas à les mettre en valeur en portant des T-shirts d’eux-mêmes

voire en hélant sans plus de façons les touristes de passage.

Ci-dessous, on aperçoit le château, l’église et le toboggan de Farges-Allichamps (l’aire de jeu possède un seul jeu, ce toboggan, ainsi qu’un panneau de signalétique pour cadrer l’usage dudit toboggan – la signalétique est dans le Cher comme ailleurs une calamité qui mériterait autant d’exposition médiatique que les punaises de lit).

J’ai aussi écrit sur Bach, sur Soizic, sur la pièce qu’elle a enregistrée à Noirlac, sur l’abbaye, etc. C’était une résidence intense, drôle, chaleureuse, variée, où j’ai ressenti un étonnant sentiment de liberté et d’épanouissement. J’ai aussi vécu un moment de grâce alors que je roulais à vélo dans la nuit noire, en l’absence d’éclairage public, entre l’abbaye et la maison que nous occupions, avec d’un côté le Cher et de l’autre la forêt.

(Photo prise à la sortie de Noirlac, à la lueur de ma lampe de vélo, pour prévenir Valentina qu’à partir de là, tout pouvait arriver)

J’entendais les animaux bouger autour de moi, sans les voir (sans rien voir, que des milliers d’étoiles). Je leur ai raconté mon aventure avec le sanglier de Bord-Louviers ; ainsi, ils savaient que j’étais là même si mon vélo ne faisait aucun bruit et ma propre voix, calme et posée, me réconfortait. Puis, alors que j’approchais de la civilisation (Bruère-Allichamps), Christophe (le photographe évoqué plus haut) m’a dépassée en voiture et il a klaxonné me rassurer. Il avait compris, je crois, que je vivais une grande aventure…

Merci à Charles de Mazeto Square et à Soizic de m’avoir fait confiance.

Candles

Où je plane dans le ciel de Zebulon (club expérimental de Los Angeles) au son de Candles, extrait du premier album de V/Z (Valentina et Susumu), dont j’ai déjà parlé ici. La vidéo a été éditée et mise en ligne par Valentina hier soir.

Basta Now # 5 Burnout

Le début de mon année a été aussi épuisant que passionnant ; je n’ai rien pu assimiler de ce que je vivais, tant tout s’enchaînait. Suis-je vraiment allée en Californie ? Sur la photo qui accompagne ce mix, nous sommes en vol vers elle ; à mon retour, j’allais filer directement de l’aéroport London Heathrow à la Villa Yourcenar pour une session Vertébrale(s), sans même repasser par chez moi, le cerveau ramolli par le jetlag. Pas le temps de me remémorer les deux semaines intenses entre Los Angeles et San Francisco. Et toute l’année, jusqu’au mois de mai, serait ainsi, sans répit, sans respiration. En février, j’ai commencé à sentir les signes du burn-out et je commence tout juste à me sentir mieux mais mon corps a pris dix ans.

J’ai essayé de traduire (avec humour) ce que j’ai ressenti pendant ces quelques mois dans le mix que voici. Des femmes pleurent, rient trop fort, crient, sifflent, des batteries s’emballent, des cuivres fondent. Je me suis beaucoup amusée : par moments, on entend trois morceaux simultanément, Jennifer Walshe et Ursula Häse semblent communiquer par yodel depuis deux sommets montagneux distants, Jennifer toujours elle et Yoko Ono se répondent dans une langue animale inconnue tandis qu’Anne Gillis sanglote et que Le Fruit Vert réprouve ces vanités des vanités des vanités des vanités des vanités des vanités des vanités. Je veux bien faire ça comme job : mixeuse. Pas DJ, non, ce que j’ai fait sur ce mix-là a plus à voir, au fond, avec les plunderphonics – sauf que je ne pars pas de chansons populaires mais de

Anne Gillis, Ondulatoires
Jennifer Walshe / The Dowager Marchylove, The Wasistas of Thereswhere
Bär&Hase, YodExpAli
Le Fruit Vert (Andrea Jane Cornell & Marie-Douce St-Jacques), La Castiglione
Yoko Ono, Fly
Carolyn Connors, I’m a Big Man
Valentina Magaletti, Untitled
Guylaine Cosseron, Dis-le
Ka Baird & Muyassar Kurdi, III
Shitney (Katrine Amsler, Maria Faust, Qarin Wikström), Do you Like it?
Susana Santos Silva & Alexandra Nilsson, Blue Noise
a.hop (Ryoko Akama, suzueri, Veronica Cerrotta, Anne-F Jacques, Bonnie Jones, Elizabeth Millar, Liew Niyomkarn, Lynette Quek, Valentina Villarroel Ambbiado), A Rhythm and Portrait Song
Kusum Normoyle, Octopus
Salomé Voegelin / Claire Rousay, Hating it

Different Rooms / Cupo

Peu après notre rencontre, j’ai dit à Valentina qu’elle devrait faire une pièce pour le label australien Longform Editions, dont j’ai presque toutes les parutions féminines (il y a une belle parité dans ce catalogue pourtant tenu par deux messieurs) et qui invite des artistes expérimentales (et -aux, donc) à leur offrir un morceau long (d’où le nom du label) si possible hors de leurs sentiers habituels. Peu après, par une coïncidence assez remarquable, le label a proposé à Valentina d’entrer dans son catalogue, et c’est avec une pièce très étonnante dans son parcours qu’elle a répondu à la commande : Different Rooms est l’un des morceaux d’elle que je préfère à ce jour, à égalité avec celui dont je vais parler dans un instant. Il est inventif, tour à tour drôle et inquiétant.

Mon autre album préféré de Valentina sort demain (on le trouve ici et ). Je l’ai entendu pour la première fois le 28 avril 2022 – il allait encore connaître de nombreuses modifications. Il s’agit de Cupo, en duo avec Laila Sakini. Il m’a tout de suite évoqué une forêt dans laquelle on pourrait errer indéfiniment ; une forêt mystérieuse, luxuriante et humide, quand la pluie a cessé mais que les arbres s’ébrouent encore et que les animaux sortent de leurs cachettes. C’est sur ces impressions que j’ai emmené les deux musiciennes dans le bois d’Hampstead Heath pour une séance de photos, cet été. Nous souhaitions des images étranges, comme de rituels secrets. Weird était notre mot d’ordre. Les photos que nous avons choisies, les voici – voici ma première pochette de disque, recto-verso :

Je ne pensais pas que la photo ci-dessus apparaîtrait au dos, je l’avais prise pour la promo. Notre dernière sélection comportait les photos suivantes :

(si j’avais été seule à décider, j’aurais choisi la photo ci-dessus – qui me fait toujours autant rire, des mois plus tard)

Je souhaite une longue et belle vie à cet album intemporel, délicat et envoûtant.

Basta Now # 2

est aujourd’hui en ligne sur Soundcloud, ici.

Cette fois, c’est un mix pour le samedi soir avec au programme

Klein – Claim It!
Propan – Berlin Clubbing
Felicity Mangan – Cyborg Bugs
Kelly Ruth – Dimensional Peristence
Méryll Ampe – 4N4N4S
Sonae – Tropennacht
Terrine (Claire Gapenne) – Banabila Dub
Nwando Ebizie – I Seduce
Mutamassik (Giulia Loli) – Swampum
Teresa Winter – Fourteen Nights

Le premier morceau, Claim it! de Klein (dont j’ai déjà parlé sur ce blog 73 fois, je pense) est l’un des quelques morceaux qui représentent à mes oreilles très subjectives la perfection en musique : chaque seconde est parfaite, la structure est parfaite, de même que les lamentations (ce Why? à la Yoko Ono), le rythme irrésistible et généreux et les textures à tomber par terre ; il ne manque rien et il n’y a rien à jeter : parfait.

(Klein par Sze NG)

Quant à la toute fin de mon mix, le surgissement hystérique et complètement incongru de Teresa Winter, il me fait rire aux éclats, jusqu’à ce qu’il apporte une touche mélancolique très fin de fête et bienvenu à cette débauche d’énergie.

Wire Magazine

Dans le nouveau numéro de Wire (avec Meredith Monk en couverture, comme je le montrais plus tôt cette semaine), ce compte-rendu de la résidence de Valentina au Café Oto. Je remercie de tout cœur l’auteur de ces lignes, qui ne rend pas seulement hommage à la grâce et au génie de mon amoureuse (eh, ce n’est pas moi qui le dis), à la finesse et à l’inventivité de nos ami.e.s mais fait aussi une belle place à ma performance avec Valentina et Dali. Si on m’avait dit qu’un jour mon nom apparaîtrait, en si incroyable compagnie, dans les pages de mon magazine préféré… Voilà qui est très euphorisant.

Rappel

C’est samedi à partir de 19h, à la Cinematek de Bruxelles : Feelings we don’t have words for, une soirée consacrée à Meredith Monk,

alors que (la nouvelle vient de tomber) le nouveau numéro de mon magazine préféré, Wire, lui consacre (enfin) la couverture de son prochain numéro, à l’occasion de la parution d’un coffret de 12 CD sur le label ECM.