Si j’ai reçu en avant-première le nouveau formidable nouveau recueil de Maud Joiret, c’est parce que j’ai eu l’honneur d’en écrire la préface. Pourquoi cette chance m’est-elle échue ? C’est une longue histoire, qui commence au mois de février au Comptoir du Livre, à Liège, où je suis en résidence avec ma chère Catherine Barsics et découvre la poésie de Maud. J’utilise deux pages de Jerk dans l’un des « chapitres » (voir ici la pile des « livres références »). Quelques mois plus tard, alors que je me rends au festival Leitura Furiosa, je vois dans le TER une inconnue lire Jerk, et j’envoie une photo volée à Maud. Quelques jours plus tard, j’ai le manuscrit de Marées vaches sous les yeux. Merci à Maud pour sa confiance, à Clément Ramos du Castor Astral et à l’inconnue du TER.
Ci-dessous, la jonction de ma préface et du préambule de Maud (déso pour mes ongles pleins de terre, je jardine à mains nues, ces jours-ci).
Il est sorti de l’imprimerie, trois mois avant sa parution : Spécimens sensibles est une commande des éditions Cambourakis et du Musée des Confluences. Je remercie Laurence Bourgeon, mon éditrice, et Solveig Zingraff, mon interlocutrice du musée, pour leur confiance. La pièce que j’ai choisie dans les collections est un canard empaillé ; je raconte aussi l’histoire de sept canetons nés dans un bassin de rétention ; je questionne surtout les rapports d’homo sapiens aux autres espèces. Et fais, en passant, des bisous aux sangliers.
Je préparerai pour sa parution une page plus conséquente.
Le week-end dernier, j’ai participé au festival Leitura Furiosa, à Amiens. J’ai passé une journée à échanger avec des habitantes d’Amiens Nord, qui est ce que l’on appelait autrefois la ZUP, plus récemment la cité ; aujourd’hui, on dit le quartier. Chaïma, 16 ans, Maryam et Sarah, 19 ans et Laurence, 62 ans, étaient mes interlocutrices. De ce que nous nous sommes raconté (15 pages de notes), j’ai tiré ce texte de 3000 signes, comme le voulait la consigne :
Chaïma, Sarah, Maryam et Laurence vivent dans le Quartier. Elles appellent Amiens Nord Le Quartier. Pour elles, le Quartier, c’est Amiens et Amiens, c’est le Quartier. Quand quelqu’un d’extérieur passe par le Quartier, disons quelqu’un d’Ėtouvie, tu le remarques tout de suite. Comme un intrus chez toi.
On ne sort quasiment pas du Quartier. On fait surtout les courses au marché, peu dans les magasins. S’il y avait un Zara dans le Quartier, on ne sortirait pas du tout – sauf qu’il serait vite incendié : tout ce qu’il y a dans le Quartier finit par brûler.
Laurence ne rend pas souvent visite à sa mère : Moreuil n’est qu’à 30 minutes de voiture mais l’essence coûte cher. Le train ? Elle ne connaît pas le train, la pratique du train, elle s’endormirait, elle se réveillerait trop loin. Le bus, ça va, et il est gratuit le samedi.
Il y a de grands espaces verts autour de la barre où vit Maryam. On peut voir les rats courir sur les pelouses – et sous les voitures, ajoute Laurence, ils font la course sous les voitures. Mais Amiens n’est pas une ville verte, non, vous croyez ça si vous n’êtes pas d’ici. Les Hortillonnages sont une attraction touristique. Laurence va parfois à Shopping Promenade, un centre commercial arboré, en plein air : on n’est presque pas enfermé-e.
Les gens qui n’y vivent pas aiment beaucoup Amiens, s’amuse Chaïma, quoiqu’elle-même ne souhaite pas partir, contrairement à Sarah qui s’imagine plutôt à Lille, à Paris, pourquoi pas dans le Sud : une ville où il y a plus de choses. Partir loin de sa famille semblerait égoïste à Chaïma, d’ailleurs elle aime le Quartier. Elle ne pourrait pas vivre dans un voisinage calme.
Tous les soirs, elle retrouve ses amies et ses connaissances. Garçons et filles se mélangent, disputent une partie de foot, mangent un morceau, parlent et rient, rient de tout. Sauf les jours de fusillade. Sauf quand des ados sont tués. Le reste du temps, voir les jeunes narguer la police, à quatre sur un scooter, la fait rire aux éclats : les flics ne sont pas crédibles, ils ne savent même pas courir. C’est pas les mêmes qu’à la télé, admet Laurence.
La vie du Quartier a ses mœurs, qui ne sont pas celles du centre-ville. Vous ne trouverez jamais les gens du Quartier dans un bar : c’est une perte de temps. Mais pas le shopping ? Ben non, ce n’est pas une perte de temps puisqu’on achète des choses. Est-ce que parfois, les jeunes parlent d’écologie ? Le groupe s’esclaffe : Jamais !
Sur la planète, il y a la ville d’Amiens. On y trouve des quartiers chics et des quartiers chauds qui sont eux-même divisés en sous-quartiers, comme le précise Antonin du Relais Social. Dans chaque sous-quartier se côtoient des cultures et des langues différentes. Dans le Quartier, dit Amiens Nord, on connaît le racisme et l’exclusion, parfois on a la haine. On se comprend, on a vécu les mêmes situations, dit Chaïma, 16 ans. Alors on reste entre soi, on ne se mélange pas.
Qu’il est beau, ce premier volume consacré à la Vacance poétique de la Perle, fabriqué main sur de beaux papiers, avec des illustrations de Victoria Dorche. On y retrouve des extraits des textes que Marion Renauld, Cédric Lerible et moi-même avons écrits l’été dernier – dans mon cas, le texte Ici bientôt – et une préface d’Anna Serra. Ce magnifique objet est l’œuvre d’Aude Caruana pour les éditions O. Merci Aude, Anna et Victoria d’avoir offert à nos textes un si somptueux écrin…
est mon journal de résidence à la Factorie, Maison de la Poésie de Normandie, en janvier 2022. Il y est question de mes camarades de résidence (Anna, Catherine, Emanuel et Maud) ainsi que d’une peine de cœur classique mais surtout de ma rencontre avec un sanglier mécontent et de la manière dont cette rencontre a commencé à modifier mon regard sur le monde, particulièrement sur la dichotomie civilisation/sauvagerie et sur ma place incertaine entre celles-ci – ces modifications sont toujours en cours, c’est une lente tectonique mentale (la suite en octobre, je n’en dis pas plus pour l’instant parce que je ne suis pas sûre d’y être autorisée). Ce tout petit recueil est l’un des trois premiers titres, parus simultanément, de la bien nommée collection Lune de Poche, des Carnets du Dessert de Lune. Je le présenterai en mai à la Comédie du Livre, à Montpellier, puis en juin au Marché de la Poésie à Paris. Il sera également disponible sur le stand de l’éditeur au salon du 1er Mai à Arras, mais sans moi, qui ai patinoire ce jour-là.
Je mettrai bientôt en ligne dans le menu consacré à mes publications une présentation plus complète de ce petit livre, avec des photos et de la musique, comme toujours – ou presque : j’ai maintenant trois livres de retard et vous n’imaginez pas ma boîte mail.
hier soir, j’ai parlé de L’Évaporée à l’invitation de la revue féministe La Déferlante, où mon éditrice me ferait la surprise d’être présente (comme elle l’est toujours, en fait) et où ma principale interlocutrice s’avèrerait être la sœur de la personne à qui je dois d’avoir un jour rencontré, à la Roche-sur-Yon, la véritable évaporée de mon réel
soit un sacré vertige de sororités diverses
merci à Nora Bouazzouni, qui modérait la rencontre et que j’ai eu grand plaisir à rencontrer ; merci au festival Hors Limites, à la revue La Déferlante, à la médiathèque de Montreuil, à la librairie Folies d’Encre, au public évidemment, et merci à Charlène Yves pour les super photos – en voici trois
Ma rencontre avec un sanglier dans la forêt de Bord lors de ma résidence à la Factorie en janvier 2022 a trouvé place dans la toute nouvelle collection des Carnets du Dessert de Lune, Lune de Poche. Parution officielle après-demain. A défaut d’avoir encore pu voir et feuilleter le livre, j’ai reçu cette newsletter de l’éditeur ce matin :
« Extrasystoles – Fanny Chiarello
Extrasystoles, récit poétique haletant nous entraîne dans la fulgurance d’une rencontre. Avec une observation incisive, crue et tendre à la fois, et non sans une certaine ironie à ses dépens, Fanny Chiarello écrit l’entrechoquement entre la rencontre d’un sanglier – pendant une résidence d’écriture en Normandie – et un amour absent. L’irruption d’un réel brut et menaçant est ici formidablement restitué : un authentique témoignage de l’expérience de la peur. C’est un texte qui nous déplace en même temps qu’il nous ramène à l’essentiel. »
« Fanny Chiarello explore ville ou campagne en courant ou à vélo, dans une lecture poétique enthousiasmante de vitalité. Victoria Guerrero retrace les femmes au fil des conflits et nous renvoie au réel en poésie. Lisette Lombé, poétesse, et Cloé du Trèfle, musicienne électro, s’associent pour une lecture organique et pulsée racontant une reconquête de soi.
Une soirée proposée par la Maison de la poésie de Bordeaux en partenariat avec l’association Klac »
Merci à Patrice Luchet pour l’invitation. (J’y serai incognito puisque j’ai désormais une véritable crinière, que je laisse le vent sculpter à sa guise, personne ne me reconnaîtra).
La semaine prochaine, je retrouve Wendy à Montreuil pour le festival Hors Limites
Et le 16, je retrouve ce cher Lucien à Metz pour le festival Poema
Quelques souvenirs de la soirée de clôture. Merci à Valentina et à mon Antique pour les photos ; merci à Soazic Courbet pour l’invitation ; merci au public d’avoir ri à nos blagues (celui de la veille, à la librairie Tulitu à Bruxelles, était tout aussi fourni, réceptif et chaleureux, merci à lui aussi – et merci Ariane, merci Manon).
C’est qui, la pseudo-féministe ?
C’est toi, semble m’accuser Wendy, qui me désigne de l’index.
il est où mon bonjour ? ils sont où ma belle journée, ma douce nuit, mes jolis rêves ? il est où mon feel-good, Éric ?
je ne trouve pas dommage de ne pas venir à ton festival de gauche je ne regrette pas de ne pas prendre cinq trains jusqu’à ton festival et de ne pas être hébergée chez l’habitant c’est très compliqué pour moi d’être hébergée chez l’habitant parce que j’ai des intestins – tout écrivaine que je sois, je ne suis pas un pur esprit – or je suis incapable de faire caca chez l’habitant donc ensuite j’ai mal au ventre pendant que je m’efforce de sourire à tes amis venus applaudir ton festival de gauche, Éric
(de sourire bénévolement parce que ta cause de gauche requiert que des écrivain.e.s sans le sou donnent de leur temps pour elle)