festival d’Amour

Quelques souvenirs de la soirée de clôture. Merci à Valentina et à mon Antique pour les photos ; merci à Soazic Courbet pour l’invitation ; merci au public d’avoir ri à nos blagues (celui de la veille, à la librairie Tulitu à Bruxelles, était tout aussi fourni, réceptif et chaleureux, merci à lui aussi – et merci Ariane, merci Manon).

C’est qui, la pseudo-féministe ?

C’est toi, semble m’accuser Wendy, qui me désigne de l’index.

Trop injuste…

dommages

il est où mon bonjour ?
ils sont où ma belle journée, ma douce nuit, mes jolis rêves ?
il est où mon feel-good, Éric ?

je ne trouve pas dommage de ne pas venir à ton festival de gauche
je ne regrette pas de ne pas prendre cinq trains jusqu’à ton festival
et de ne pas être hébergée chez l’habitant
c’est très compliqué pour moi d’être hébergée chez l’habitant parce que j’ai des intestins – tout écrivaine que je sois, je ne suis pas un pur esprit – or je suis incapable de faire caca chez l’habitant donc ensuite j’ai mal au ventre pendant que je m’efforce de sourire à tes amis venus applaudir ton festival de gauche, Éric

(de sourire bénévolement parce que ta cause de gauche requiert que des écrivain.e.s sans le sou donnent de leur temps pour elle)

alors aucun regret, cher Éric


de Liège (3)

notre livre est un objet constitué de diverses petites formes, il s’appelle sauvages et il a un ISBN

bientôt des photos de la performance qui a eu lieu hier soir au Comptoir du Livre, 1h après que nous avons fini de mettre les divers éléments dans leurs pochettes

Catherine et moi sommes infiniment reconnaissantes à l’adorable et talentueux Benjamin Dupuis, sans qui cet objet ressemblerait sans doute à un tas de feuilles A4 agrafées

surchauffe

Je suis reconnaissante d’être invitée un peu partout pour faire toutes sortes de choses le plus souvent intéressantes. Mais je suis épuisée. Ce qui m’épuise le plus, c’est de ne pas avoir le temps d’écrire. Je suis constamment interrompue par des mails et des coups de fil, je passe un temps vertigineux à faire mon secrétariat, à régler des questions administratives et logistiques, à relancer des institutions pour demander si je peux être payée s’il vous plaît pour le travail que j’ai fourni (mes revenus me placent officiellement sous le seuil de pauvreté). Alors j’ai pris une décision :

L’année prochaine, je prends une année sabbatique pour écrire.

Pour me consacrer à Permanent Draft et à Vertébrale(s), aussi, mais c’est différent : ce sont mes espaces de respiration, d’interactions et ce sont mes projets, pas seulement les miens certes mais ils me sont d’autant plus précieux. Cette promesse que je me fais m’aidera, je l’espère, à tenir jusqu’à juin.

Agenda février

La semaine prochaine, je serai en résidence intensive au Comptoir du livre, à Liège, avec Catherine Barsics (que je retrouverai pour la première fois depuis notre rencontre à la Factorie en janvier 2022). Notre pari ? Écrire et fabriquer un livre en cinq jours avec pour matière première les livres vendus au Comptoir, et le présenter au public le vendredi soir au cours d’une performance. Nous aurons pour complices dans cette aventure Benjamin Dupuis et Charlyne Audin.

Puis Valentina et moi irons rejoindre Wendy à Bruxelles pour une présentation de L’Évaporée à la librairie Tulitu.

Puis toutes trois, nous prendrons le train pour le Festival d’Amour de l’Affranchie librairie, à Lille.


Puis Valentina et moi prendrons le train pour Bruxelles, où mon amoureuse jouera aux Ateliers Claus, puis nous prendrons le train pour Anvers où nous jouerons Permanent Draft au musée d’art contemporain, après une performance de Céline Gillain.

Puis je serai au 9-9bis, mais ça je l’ai déjà annoncé.

Puis ce sera mars et je passerai le mois en résidence à la Villa Yourcenar (présentation publique le 23 mars avec mes co-résidents, j’y reviendrai).

Sur le bord de ton cœur

disons que de l’autre côté, il y a quelque chose
disons que de l’autre côté, il n’y a pas de douleur
il y a des corps pour accueillir nos gourmandises
mais pas de cellules pour s’y insinuer
il y a des vergers de dattes fourrées à la pâte d’amande
et de pâtisseries qu’on cache dans le frigo
pour les manger en cachette avec Perrine
quand Pierre est parti parler à ses abeilles
parce que c’est plus amusant ainsi

de l’autre côté, nos fêtes se poursuivent pleines de
décibels de champagne et de mignardises
dans nos salons salles à manger nos jardins
et quand elles débordent dans des salles des fêtes
nous avons des pinceaux des palettes pour les décorer
à notre guise et nos chants résonnent là
ton petit bonheur, le marinier de papy, ma bonne du curé
si les bancs et les chaises cèdent sous la puissance de nos rires
nos coccyx s’en tirent bien dans nos robes à fleurs
nos jupes rayées nos pantalons à pinces
puisqu’il n’y a pas de douleur de l’autre côté
il y a des voix portées par une douce brise dorée
auxquelles mêler les nôtres

de l’autre côté je veux penser que tu as rejoint
celles et ceux que nous aimons et qui manquent déjà
embrasse-les de ma part et riez et chantez en nous attendant

je pense à toi, Brigitte

(tes parents, toi et moi en 2009, au long des berges de France)

Rappel

C’est samedi à partir de 19h, à la Cinematek de Bruxelles : Feelings we don’t have words for, une soirée consacrée à Meredith Monk,

alors que (la nouvelle vient de tomber) le nouveau numéro de mon magazine préféré, Wire, lui consacre (enfin) la couverture de son prochain numéro, à l’occasion de la parution d’un coffret de 12 CD sur le label ECM.

9-9bis

Oh la la, que ça va être bien : une plasticienne, une photographe et moi au 9-9bis d’Oignies pour croiser nos regards féminins sur notre territoire chéri…

Plus d’infos ici

Cinematek

Le samedi 14 janvier, j’aurai le grand honneur de participer à une soirée sur Meredith Monk à la Cinémathèque Royale de Belgique, CINEMATEK, à l’invitation d’Our Story. Les organisatrices de ces séances de cinéma queer ont aussi créé un collectif au nom magnifique, La destruction des espaces vides, dont le descriptif me ravit : « La destruction des espaces vides est un collectif franco-belge fondé en 2012 par Iris Lafon et Valérie Leclercq, qui allie recherches curatoriales, musicales et para-académiques. La  destruction des espaces vides affectionne les interventions maladroites, les expositions placées en état-limite, et prône de manière générale une certaine esthétique du dérapage et de l’erreur. La destruction des espaces vides s’efforce, selon cette éthique, d’offrir aux artistes et musiciens qu’elle invite un environnement favorable à des formes d’explorations artistiques qui seraient peu séantes dans des contextes plus commerciaux. » J’adore. Merci à Valérie et Iris pour leur invitation et merci à Delphine Dora d’avoir mis A happy woman entre leurs mains.

Au programme de cette soirée Meredith Monk :

L.A.

J’en ai rêvé pendant trente ans – je le raconte notamment dans Terrils tout partout :

« Elle se revoit adolescente, écoutant du free jazz sur la pelouse d’un lotissement et imaginant trouver l’amour à Los Angeles, où elle vivrait dans une villa semblable à la Stahl House sur les collines et serait une scénariste reconnue pour ses audaces narratives et pour sa fine connaissance du cinéma classique hollywoodien. Quelque 30 ans plus tard, de retour dans le bassin minier avec des rêves à sa taille, elle sourit à la jeune fille qu’elle fut.

Ici, lui dit-elle, dans mon paradis issu de houiller, j’ai des friches, des zones dénudées, des prairies de fauche, des fourrés, des boisements, des mares temporaires et, sur les éboulis de schistes, des espèces rares, inconnues dans la région avant l’exploitation minière. J’ai du réséda – comme le quartier de L.A., oui, je savais que ça te parlerait. J’ai toutes sortes d’araignées, de coccinelles, de libellules, de demoiselles, de criquets, de sauterelles, d’amphibiens, de reptiles, d’oiseaux et de chauves-souris. Et les papillons de jour : l’azuré des nerpruns – regarde ses pattes rayées de noir et blanc : cette élégance à la Fred Astaire, tu ne la trouves plus à Los Angeles. Et l’argus brun, ses ailes noisette à liseré orange et taches brunes ourlées de blanc, et l’hespérie de la houque, charnue dans sa nuisette vaporeuse. Fais des recherches si tu ne vois pas de quoi je veux parler, toi qui aimes tant les livres.

Mais tu préfères alimenter ton fantasme californien en lisant des romans des années 1930 qui décrivent une faune de jeunes niais arrachés à leur campagne par un rêve de papier glacé, venus attendre dans le soleil contondant de Hollywood qu’une barrière se lève, qu’un portail s’ouvre, qu’un studio les appelle à un destin étincelant, leur offre une éternité de celluloïd. Le monde a tellement changé depuis leur parution qu’il en est presque un autre mais, pour toi, ils restent d’une actualité brûlante. Ils montrent des vies ruinées par le rêve, dont ne parle aucune encyclopédie du cinéma. Ils sont juste assez mélancoliques à ton goût, juste assez décadents et nostalgiques.

(…) La nouvelle Laïka, revenue de son voyage intersidéral, dit à la jeune fille qu’elle fut : Hollywood, c’est fini, ma pauvrette, c’était déjà fini bien avant ta naissance. Tes héros sont tous morts et les paysages de ton imaginaire n’existent plus. Tu liras, tu verras. Tu liras Kenneth Anger, Joan Didion, Reyner Banham, Cynthia Ghorra-Gobin, Mike Davis et tant d’autres. Attendrie, elle sourit dans le premier baiser de l’humus que lui darde l’aube dorée de Pinchonvalles : Hollywood ! Elle secoue la tête. »

Dans un mois, j’y serai pourtant…

J’ai longtemps imaginé que le jour où j’arriverais à LAX, j’aurais les yeux de Betty dans Mulholland Drive quand elle descend de l’avion, ces yeux de perdreau du jour. Ce ne sera pas le cas, je sais à quoi m’attendre (Valentina y a suffisamment vécu pour me décrire tout ce que je suis susceptible d’y détester) mais j’aurai plus de chance que Betty, c’est sûr, d’autant que je ne voyagerai pas avec la dame qui fait peur mais

avec la super meuf que j’ai photographiée ci-dessous dans sa cuisine. Je la verrai jouer solo à Los Angeles mais aussi à San Francisco puisque nous allons faire l’aller-retour le 21. La semaine dernière, pendant la séance de photos avec Better Corners dans les locaux de State 51, nous avons dansé sur Drinking in L.A., chanson de Bran Van 3000 que j’ai énormément écoutée pendant mon pic de California dreaming et dont Valentina me disait que personne à Los Angeles ne la connaît.