Californie 6

Un aperçu de notre performance à San Francisco pour le Wattis Institute for Contemporary Arts (merci à Marielle pour cette photo) ; le public n’était pas seulement face à nous mais tout autour.

Hier, j’ai fait battre tous ses records de marche à mon amoureuse, ce qui ne s’est pas fait sans ampoules et crampes, pour profiter pleinement de notre journée off à San Francisco. Nous avons marché de Mission au Golden Gate Bridge, ce que tout le monde nous avait dit impossible. En chemin, nous avons vu Castro, le fameux quartier LGBTQIA+ et notamment ce cinéma que l’on voit beaucoup dans le biopic de Harvey Milk (et qui annonce ces jours-ci un chef d’œuvre d’Altman de 1973, The Long Goodbye, et non un stupide film produit par N*****x).

Au fil des rues en pente forte, on découvre de nouvelles perspectives sur la baie.

On descend une colline de pins au parfum délicieux pour découvrir Alcatraz

puis le fameux Golden Gate Bridge, au pied duquel Kim Novak feint de se suicider dans Vertigo, mon Hitchcock préféré (je l’ai déjà vu quatre fois mais quelque chose me dit que la cinquième fois est proche).

Puis nous sommes revenues à Los Angeles de nuit, survolant son tapis de lumières apparemment infini. Nous sommes désormais à Koreatown.

Permanent Draft est sur Soundcloud

depuis hier soir, sur une idée de Valentina – voici comment ça s’est passé :

F : J’aime bien quand tu dis basta now, je disais à Aude l’autre jour que ç’aurait pu être le nom de notre label.
V : Oh tu sais ce que tu devrais faire ? Ouvrir un Soundcloud et faire une série de mixtapes qui s’appelleraient Basta Now. 45′ par mixtape, c’est l’idéal.
F : Ah, d’accord. Comment je fais une mixtape ?
V : Tu as le logiciel Audacity ?

Il se trouve que je l’ai. J’ai créé la page Soundcloud, sélectionné une quinzaine de pistes, cherché comment les agencer de manière à ce que les transitions génèrent divers effets, et ça donne la première piste disponible sur notre nouvel espace, Basta Now # 1 in the attic. Ce n’est pas de la musique férocement mais doucement expérimentale, à savoir des formats proches de la chanson, avec des voix magnifiques, une ambiance « fait à la maison » (c’est d’ailleurs vrai dans la plupart des cas) et une atmosphère nostalgique, le tout bien sûr 100% féminin.

Bien que ce soit mon œuvre, je suis extrêmement fan de cet enchaînement, je l’avoue sans fausse modestie : je n’ai certes pas inventé grand chose en cette vie mais au moins, j’ai des goûts exquis.

Aujourd’hui, Valentina, Karolina et moi avons bien avancé sur notre première parution, que nous lancerons au mois d’avril. Ce sera un très bel objet, porteur d’une musique étonnante et abrasive.

résidence Oto, day 2

Je n’aurais jamais imaginé voir un jour mon nom sur le panneau du Café Oto. Il y manque un nom, cependant…

celui de mon amie Dali de Saint Paul, qui est arrivée in extremis avant notre performance (en bus depuis Bristol parce qu’il y avait grève de train) et que j’ai enrôlée : nous avons donc joué en trio et c’était fantastique de lire mes petits poèmes avec ces deux musiciennes incroyables que sont Valentina et Dali. J’ai donc lu devant une musicienne dont j’étais hyper fan il y a quelques années, Mica Levi, et devant le batteur de Radiohead, dont je n’ai jamais écouté la musique mais qui a été absolument adorable. Dans la salle, hier soir, il y avait beaucoup d’ami.e.s, Agathe, Andrea, Arthur, Aude, Cathy, Davide, Dali, Joao, Joe, Karolina, Natalia, Nick, Sarah, Susumu, Tea, Tom, Yoshino et les autres, c’était très émouvant.

(Je ne sais pas qui a pris cette photo, que Valentina a trouvée sur Internet ; c’est la seule dont je dispose aujourd’hui, sur laquelle on nous voit toutes trois.)

Certain.e.s d’entre nous ont déjà repris le train et l’avion, Sarah est rentrée à New York, Joao à Porto. Je sens venir un petit cafard comme on en a, enfant, à la fin de la colonie de vacances – et Aude, qui est auprès de moi, vient de m’en dire autant… Ci-dessous, des petits selfies avec Tea et Dali <3<3<3. Nous avons décidé de profiter au maximum de nos derniers moments ensemble alors j’y retourne.

l’arbre de Noël de Valentina,

c’est la semaine prochaine au Café Oto.

Il y aura plein de gens qu’on aime, venus de partout, de Porto, New York et même Nantes puisque ma chère Vertébrale Aude sera de la fête, il y aura des concerts, des DJ sets et même une lecture de poésie – nous allons, Valentina et moi, rejouer Permanent Draft et ce sera forcément très différent de ce que nous avons fait à Ravenne.

Je me réjouis aussi de rencontrer enfin Dali de Saint Paul, extraordinaire musicienne française établie à Bristol depuis 2011, avec qui je corresponds depuis quelques mois – nous échangeons, entre autre, des disques contre des livres. On trouve un bel échantillon de son univers ici – écoutez A Cephalopod de Viridian Ensemble, l’un de mes préférés, vous n’entendrez plus jamais le mot tentacule de la même manière. Je vous reparlerai bientôt de Dali dans le cadre très pro quoiqu’aussi très punk de notre label.

Pour finir ce billet, avant de filer à Londres pour huit jours, voici une photo de Valentina et moi prise à Ravenne et que j’aime bien. © Festival Transmissions.

Permanent Draft à Ravenne

Valentina jouait deux fois samedi soir, d’abord avec moi puis avec Marta Salogni, Miriam Adefris et Sam Shepherd (aka Floating Points). On les voit ici finir leurs balances.

Puis nous avons fait les nôtres et nous avons recruté un membre de l’organisation pour nous assister à la projection des images depuis mon ordinateur.

Nous avons fait appel à Francesca Morello aka R.Y.F. (c’était amusant parce que son nom signifie l’inverse du mien – elle est du côté sombre et moi du côté clair, étymologiquement mais aussi dans notre travail). Nous étions donc un plateau 100% queer.

La salle était comble quand nous avons commencé, juste après notre camarade Francesco Fonassi.

J’ai trouvé des photos de notre performance sur Instagram :

(photo d’Enrico Martinelli)

Et celle-ci a été prise depuis les coulisses par notre pote Erland Cooper. Nous apparaissons derrière le couvercle du piano à queue sur lequel jouerait ensuite Sam.

J’entrais sur scène après un morceau de Valentina et me positionnais devant mon pupitre ; j’avais préparé un MP3 avec des voix automatiques et je mimais les directives comme les hôtesses de l’air les consignes d’avant décollage – d’ailleurs la première image a été prise par Valentina depuis un avion. Ensuite je commençais ma lecture avec 13 kg de trac dans le ventre mais on me dit que ça ne s’est pas remarqué. Ben ça… Puis quelque chose s’est relâché en moi et je me suis amusée, c’était formidable de jouer avec une improvisatrice telle que Valentina. J’avais préparé d’autres MP3, notamment un enregistrement où l’on m’entend fredonner en faisant la vaisselle – une mélodie indistincte, improvisée, très fausse, sur laquelle je chante un poème qui est un collage de rhétorique conservatrice anglaise puisée dans des discours de Thatcher, Johnson, etc. et de la chanson guimauve Unbreak my Heart de Toni Braxton. Il était important pour nous d’avoir un poème à base de collage dans le manifeste parce que c’est une ligne que nous avons envie de creuser. Valentina, en plus d’être la plus incroyable percussionniste et batteuse du monde, de l’univers et des métavers, de jouer du piano, de la guitare et de la basse, est aussi une artiste visuelle (certaines pochettes de disques sont d’elle, comme celle-ci, que j’aime beaucoup) et le collage fait partie de ses pratiques préférées.

Différent trains

Demain, Valentina et moi nous rendons au Transmissions Festival. Pour rejoindre mon amoureuse à Rome, je vais prendre deux trains, un avion et encore un train ; puis, ensemble, nous prendrons trois autres trains jusqu’à Ravenne. Soit un peu plus que mes quatre trains et un taxi d’hier pour rentrer de Regnéville avec un crochet par la Maison de la Radio et un direct sur France Culture avec Wendy.

J’aurai un peu le tournis après tout ça et sans doute envie de courir pour évacuer les toxines du voyage. Ensuite, je commencerai à avoir un sérieux trac de jouer dans un festival où je serai strictement la seule à ne pas être une superstar de la scène expérimentale et la seule à ne pas avoir l’habitude des grandes jauges – si un public de 650 personnes n’est rien pour ces formidables performeur.se.s, pour moi c’est proprement vertigineux (et dire que je vais lire en anglais…)

En attendant, notre amie Laila Sakini a inclus dans sa dernière émission sur Noods Radio les deux courts morceaux de notre 45 tours Permanent Draft. On peut voir la playlist entière et, mieux, l’écouter, ici. Merci Laila <3