résidence Oto, day 2

Je n’aurais jamais imaginé voir un jour mon nom sur le panneau du Café Oto. Il y manque un nom, cependant…

celui de mon amie Dali de Saint Paul, qui est arrivée in extremis avant notre performance (en bus depuis Bristol parce qu’il y avait grève de train) et que j’ai enrôlée : nous avons donc joué en trio et c’était fantastique de lire mes petits poèmes avec ces deux musiciennes incroyables que sont Valentina et Dali. J’ai donc lu devant une musicienne dont j’étais hyper fan il y a quelques années, Mica Levi, et devant le batteur de Radiohead, dont je n’ai jamais écouté la musique mais qui a été absolument adorable. Dans la salle, hier soir, il y avait beaucoup d’ami.e.s, Agathe, Andrea, Arthur, Aude, Cathy, Davide, Dali, Joao, Joe, Karolina, Natalia, Nick, Sarah, Susumu, Tea, Tom, Yoshino et les autres, c’était très émouvant.

(Je ne sais pas qui a pris cette photo, que Valentina a trouvée sur Internet ; c’est la seule dont je dispose aujourd’hui, sur laquelle on nous voit toutes trois.)

Certain.e.s d’entre nous ont déjà repris le train et l’avion, Sarah est rentrée à New York, Joao à Porto. Je sens venir un petit cafard comme on en a, enfant, à la fin de la colonie de vacances – et Aude, qui est auprès de moi, vient de m’en dire autant… Ci-dessous, des petits selfies avec Tea et Dali <3<3<3. Nous avons décidé de profiter au maximum de nos derniers moments ensemble alors j’y retourne.

l’arbre de Noël de Valentina,

c’est la semaine prochaine au Café Oto.

Il y aura plein de gens qu’on aime, venus de partout, de Porto, New York et même Nantes puisque ma chère Vertébrale Aude sera de la fête, il y aura des concerts, des DJ sets et même une lecture de poésie – nous allons, Valentina et moi, rejouer Permanent Draft et ce sera forcément très différent de ce que nous avons fait à Ravenne.

Je me réjouis aussi de rencontrer enfin Dali de Saint Paul, extraordinaire musicienne française établie à Bristol depuis 2011, avec qui je corresponds depuis quelques mois – nous échangeons, entre autre, des disques contre des livres. On trouve un bel échantillon de son univers ici – écoutez A Cephalopod de Viridian Ensemble, l’un de mes préférés, vous n’entendrez plus jamais le mot tentacule de la même manière. Je vous reparlerai bientôt de Dali dans le cadre très pro quoiqu’aussi très punk de notre label.

Pour finir ce billet, avant de filer à Londres pour huit jours, voici une photo de Valentina et moi prise à Ravenne et que j’aime bien. © Festival Transmissions.

Permanent Draft à Ravenne

Valentina jouait deux fois samedi soir, d’abord avec moi puis avec Marta Salogni, Miriam Adefris et Sam Shepherd (aka Floating Points). On les voit ici finir leurs balances.

Puis nous avons fait les nôtres et nous avons recruté un membre de l’organisation pour nous assister à la projection des images depuis mon ordinateur.

Nous avons fait appel à Francesca Morello aka R.Y.F. (c’était amusant parce que son nom signifie l’inverse du mien – elle est du côté sombre et moi du côté clair, étymologiquement mais aussi dans notre travail). Nous étions donc un plateau 100% queer.

La salle était comble quand nous avons commencé, juste après notre camarade Francesco Fonassi.

J’ai trouvé des photos de notre performance sur Instagram :

(photo d’Enrico Martinelli)

Et celle-ci a été prise depuis les coulisses par notre pote Erland Cooper. Nous apparaissons derrière le couvercle du piano à queue sur lequel jouerait ensuite Sam.

J’entrais sur scène après un morceau de Valentina et me positionnais devant mon pupitre ; j’avais préparé un MP3 avec des voix automatiques et je mimais les directives comme les hôtesses de l’air les consignes d’avant décollage – d’ailleurs la première image a été prise par Valentina depuis un avion. Ensuite je commençais ma lecture avec 13 kg de trac dans le ventre mais on me dit que ça ne s’est pas remarqué. Ben ça… Puis quelque chose s’est relâché en moi et je me suis amusée, c’était formidable de jouer avec une improvisatrice telle que Valentina. J’avais préparé d’autres MP3, notamment un enregistrement où l’on m’entend fredonner en faisant la vaisselle – une mélodie indistincte, improvisée, très fausse, sur laquelle je chante un poème qui est un collage de rhétorique conservatrice anglaise puisée dans des discours de Thatcher, Johnson, etc. et de la chanson guimauve Unbreak my Heart de Toni Braxton. Il était important pour nous d’avoir un poème à base de collage dans le manifeste parce que c’est une ligne que nous avons envie de creuser. Valentina, en plus d’être la plus incroyable percussionniste et batteuse du monde, de l’univers et des métavers, de jouer du piano, de la guitare et de la basse, est aussi une artiste visuelle (certaines pochettes de disques sont d’elle, comme celle-ci, que j’aime beaucoup) et le collage fait partie de ses pratiques préférées.

Différent trains

Demain, Valentina et moi nous rendons au Transmissions Festival. Pour rejoindre mon amoureuse à Rome, je vais prendre deux trains, un avion et encore un train ; puis, ensemble, nous prendrons trois autres trains jusqu’à Ravenne. Soit un peu plus que mes quatre trains et un taxi d’hier pour rentrer de Regnéville avec un crochet par la Maison de la Radio et un direct sur France Culture avec Wendy.

J’aurai un peu le tournis après tout ça et sans doute envie de courir pour évacuer les toxines du voyage. Ensuite, je commencerai à avoir un sérieux trac de jouer dans un festival où je serai strictement la seule à ne pas être une superstar de la scène expérimentale et la seule à ne pas avoir l’habitude des grandes jauges – si un public de 650 personnes n’est rien pour ces formidables performeur.se.s, pour moi c’est proprement vertigineux (et dire que je vais lire en anglais…)

En attendant, notre amie Laila Sakini a inclus dans sa dernière émission sur Noods Radio les deux courts morceaux de notre 45 tours Permanent Draft. On peut voir la playlist entière et, mieux, l’écouter, ici. Merci Laila <3

Permanent Draft : ta mère

La version numérique est en ligne aujourd’hui ; quant à l’objet, il sera disponible le 2 décembre : Permanent Draft est un flexi disc (45-tours souple, une seule face gravée) inséré dans un livret de 13 photos et 13 poèmes. Il esquisse la ligne esthétique de notre label et sort sur le label ami Horn Of Plenty de Nick Hamilton ; le graphisme est de Karolina Kołodziej, qui nous suit également dans l’aventure du label. Merci infiniment à eux deux. On peut donc désormais se procurer Permanent Draft ici.

Pourquoi le « ta mère » du titre, me demanderez-vous ? Parce que sur l’un des morceaux, je dis « Tu souris mais la vérité est amère », phrase traduisant littéralement ce qu’une passante a dit à Valentina un jour, dans une rue de Londres, « You smile but the truth is bitter ». Le mix fait clairement entendre un ta mère qui nous fait beaucoup rire. L’image sur la pochette est tirée du mode d’emploi d’un masque facial hydratant.

Voici le texte que Valentina et moi avons écrit avant-hier, à la demande de Nick, pour présenter l’objet sur Bandcamp :

Conceived as a manifesto for eponymous all-female label Permanent Draft, this limited flexi comes with a booklet of poetry and pictures based on the prime number 13.

Permanent Draft aims to highlight works showing a certain taste for fragmentary, irrepressible creative eruption and lo-fi experiments. Leaving the grandiose apart to pay and bring attention to the sounds, details and anecdotes of everyday life, picking up raw material from the ordinary.

Bitter truths, migrainous fulfilments, dead clowns, broken gods, taffeta fairies, fruit foxes and non-binary empty frames outline these very aesthetics.

crédits

Music composed, recorded and produced by Valentina Magaletti
Vocals and texts by Fanny Chiarello
Photographs by Valentina Magaletti & Fanny Chiarello
Mixed by Leon Marks
Mastered by Marta Salogni
Design by Karolina Kołodziej

Dire que je suis heureuse de cette parution serait un ridicule euphémisme…

Permanent Draft

Permanent Draft pour brouillon permanent mais aussi pour bol d’air / courant d’air permanent.

Ce sera d’abord le titre d’un objet que Valentina et moi avons imaginé ensemble et qui sortira début novembre sur un label ami ; une version numérique sera également disponible.

Cet objet sera notre manifeste, celui par lequel nous ébaucherons la ligne esthétique de notre propre label de musique expérimentale / micro-édition en anglais, 100% féminin, dont le nom est également Permanent Draft, et qui est basé à Londres.

Nous visons à révéler et à favoriser la richesse de la musique et de la poésie expérimentales féminines. Comme son nom l’indique, Permanent Draft souhaite mettre en avant des œuvres témoignant d’un certain goût pour le fragment, d’une irrépressible éruption créative et relaiera éventuellement des expérimentations low-fi. Cette approche laisse de côté le grandiose pour prêter attention aux sons, détails et anecdotes de la vie quotidienne, cueillant sa matière première dans l’ordinaire.

Une page Instagram existe déjà mais ne sera sans doute pas alimentée avant quelques semaines encore. Vous pouvez dès à présent nous suivre ici.

Notre première parution sera disponible le 13 avril 2023. La première année, nous ne publierons que trois albums (mais sept musiciennes), soit un vinyle et deux cassettes (versions numériques assurées, j’en réponds), notre programme est déjà bouclé. Nous avons aussi quelques idées de ce que nous aurions envie de publier.

Dimanche, avec notre super graphiste, Karolina, nous avons décidé du design de nos parutions et réfléchi à notre logo, c’était passionnant et très enthousiasmant. C’est un bonheur de travailler avec quelqu’un qui a un goût si assuré, une telle culture et tant d’idées, tout en sachant s’adapter à la ligne esthétique qui lui est proposée.

Parfois, quand je regarde le public se ruer comme un seul cerveau vers quelques produits culturels dits incontournables, je pense à ce que nous voulons faire, à la modestie de notre projet, à son honnêteté intellectuelle, et je me sens bien. C’est notre toute petite maison, elle sera accueillante, pleine d’audace et de vie – nos artistes sont déjà très enthousiastes, prêtes à donner un coup de main, et une généreuse mécène va nous permettre de commencer sans trop de craintes. Ce label, c’est de la joie.