JC+33

Ce midi, je retourne enquêter autour du terril maudit (celui du psychopathe, évidemment). Je passe devant ses trois points d’accès principaux – plutôt que de l’escalader comme je l’ai fait lors de ma première visite, innocente que j’étais – et tente d’en trouver d’autres. Parvenue à l’entrée la plus visible depuis la rue, je craque et m’y engage. Je passe devant la roselière sauvage et me dirige vers le plateau central avec l’intention de le traverser puis de couper jusqu’au cimetière pour essayer de trouver la masse blanche vue en image satellite. La masse blanche sur laquelle je tombe quand je débouche sur le plateau est celle d’un chien sans collier ni laisse. Aucun être humain en vue. Le chien me regarde, il est à une centaine de mètres. Je fais demi-tour. Ai-je mentionné la présence, près de la cabane du psychopathe, d’une niche rudimentaire avec un gros cendrier en guise de gamelle ?

Le vide exact du jour

a des petits airs rétro parce que j’ai malencontreusement activé un filtre sur mon téléphone avant de prendre ces photos.

Ces couleurs m’évoquent la Californie des années 5O, pourtant il s’agit de la route qui mène du terril maudit au quartier de la jeune athlète et de Danny.

Quant à ce cher âne, il fait son petit exercice du jour et court à peu près 70 mètres (c’est mieux que rien) ; je le récompense en lui donnant un morceau de carotte tellement gros qu’il a  l’air de mâcher un Malabar à l’échelle de sa mâchoire. Ça n’en finit pas. Je repasse le voir plus tard, après m’être fait un scénario catastrophe dans lequel il s’étouffait avec le Malabar – par ma faute. Il va très bien.

Les gants du jour

Quand, pour la première fois, je croise un couple de gants, je me pose enfin la question : pourquoi les gens jettent-ils un seul gant ? Quelles drôles de mœurs ont-ils pour n’en jeter qu’un (ou un à la fois) ? Les gants ci-dessous, bien qu’ils soient dégoûtants et ne jaunissent ni ne se grisent mais deviennent marronnasses, me semblent, sous cet aspect, plutôt sains.

Le détritus du jour

Il n’est pas là quand je me dirige vers le spot de lapins ; il y est à mon retour. Dans l’intervalle (que j’estimerais d’une grosse vingtaine de minutes), quelqu’un a subitement eu très chaud et pas de sac où ranger cette épaisseur superflue, mais pas non plus d’épaules ni de hanches autour desquelles la nouer. Je me demande à quoi peut ressembler un tel phénomène.

La musique du jour

Je n’avais pas écouté Cassandra Wilson depuis quelque chose comme 17 ans, je ne sais pas pourquoi ; ni pourquoi j’ai eu envie de retrouver aujourd’hui cet album aux saveurs du Sud des États-Unis, mais c’était une expérience apaisante, aussi reposante que celle de Fleetwood Mac était éprouvante.

Des photos que j’ai prises

entre 2017 et 2018, avant que le lâcher de gant(s) ne soit à la mode. Le deuxième m’a toujours fait rire ; il a même un titre : Help.

Ce soir, je ferme mon fichier Word à 22h43. Je viens de terminer une description qui m’a fait peur, ensuite de quoi il faut descendre au rez-de-jardin pour baisser le volet roulant ; derrière le simple vitrage, le jardin est plongé dans l’obscurité, tout juste puis-je distinguer la crinière de Carol-Anne sur un fond d’un pourpre très sombre. Je vérifie que toutes les portes sont verrouillées.

J’ai aussi beaucoup écouté Abbey Lincoln aujourd’hui, et notamment

At night when everything is quiet
The old house seems to breathe a sigh (…)
Sometimes I can hear a staircase creaking
Sometimes a distant telephone
Oh, and when the night settles down again
This old house and I are all alone
Maintenant il va falloir trouver le sommeil, sans mon amour. Je vais m’accrocher à Dame Sam.