Je suis infiniment reconnaissante à la Maison de la Poésie de Nantes et à sa directrice Magali Brazil de m’avoir programmée dans ce formidable festival. Heureuse aussi d’avoir pu échanger avec Violaine Schwartz, Carla Demierre, Aude Rabillon, Eric Pessan, Patrice Luchet, Sophie G Lucas, Nadège Prugnard et quelques autres. D’avoir assisté à des lectures stimulantes. D’avoir pu lire devant un public si fourni, réceptif et ouvert. D’avoir engagé avec l’une des personnes citées ci-dessus quelque chose comme une collaboration, disons un dialogue.
Quelques photos d’Alice Grégoire pour le festival MidiMinuitPoésie :
Ici, je participe à une table ronde avec Nii Ayikwei Parkes et Bertrand Belin, en direct sur Jet FM,
rencontre animée par Eric Pessan.
Et là, je suis en pleine lecture de La Geste permanente de Gentil-Coeur.
En prévision de ma résidence à la Factorie (Maison de Poésie de Normandie) en janvier prochain, je dois constituer une espèce de mini anthologie de ma propre poésie. Une dizaine de pages – j’ai opté pour l’interligne 1,5 plutôt que double sinon c’était vraiment trop frustrant. Ce matin, j’ai donc relu / re-survolé, avant le lever du jour, mes quatre recueils parus aux Carnets du Dessert de Lune et (c’est une agréable surprise), à une exception près, je les aime encore. Globalement, du moins – j’effacerais bien certaines pages, quand même. Je copie-colle ici un texte tiré de Je respire discrètement par le nez, dont le premier paragraphe m’a fait un drôle d’effet. Je l’ai écrit en 2006 ; je me projette dans un avenir que je pense conjurer en affrontant sa possibilité, or le moment que je craignais alors a fini par arriver, forcément – comme la mort même finira par arriver, qu’on l’ait attendue toute sa vie avec un fusil ou qu’on n’ait jamais pensé à elle. Voici ce petit texte :
« Oh dormez, dormez mes amis, je veille sur vous. Un jour peut-être je serai si loin ou alors ce sera vous, mais il y aura toujours ce pointillé magnétique entre nous, je pourrai presque voir votre sourire danser avec le mien sur le miroir du salon. Et vous dont je n’aurai jamais vraiment connu le cœur, vous danserez aussi quelque part sur la croûte terrestre et les vibrations de vos pas parviendront jusqu’à moi et je les saluerai des orteils à travers le vacarme tellurique ; je serai assise au bord d’un étang, je regarderai passer les poules d’eau et la mince semelle de mes chaussures ondulera discrètement tandis que des orteils, je vous saluerai.
Pour l’instant je suis debout sur les pédales de mon vélo pour rouler contre le vent et mes cheveux semblent fous de joie ; certains se détachent de moi et vont poursuivre ailleurs leur aventure dans la matière.
Quand j’écoute de la musique je pédale très vite et parfois je vis les crescendos avec les pieds. Ce corps m’aura bien servi. Je pense soudain à lui avec affection. Si j’arrête de le malmener, peut-être nous amuserons-nous ainsi encore longtemps.
Ma concierge dit que d’ici peu, il y aura six nouveaux enfants dans la résidence, elle dit, J’ai peur pour mon sapin de Noël. Je me rappelle le rire de mes amis cet hiver quand les chants électroniques des pères Noël en peluche les accueillaient dans le hall, je souris avec eux, je souris à la concierge. C’est du travail, ce sapin, dit-elle, et j’acquiesce.
Je monte l’escalier, je lis Top Annonces en chaussettes, je lis des annonces qui ressemblent à ces cheveux que j’ai vus dans la rue ce soir, des cheveux à la couleur étrange, et ensuite il y avait cette voix tout aussi indéterminée que la couleur des cheveux, qui dansait au sommet d’une larme, cette voix était tout ce qu’il m’était donné à percevoir d’une vie tandis que je roulais contre le vent.
Mes chats sont assis devant la baie vitrée grande ouverte et contemplent l’orage, immobiles, les yeux arrondis, je me demande bien à quoi ils pensent. Si je m’assieds auprès d’eux, est-ce que je verrai ce qu’ils voient ? »
« Initiales et L’école des loisirs proposent 20 romans pour “dégommer les clichés”
Le réseau des libraires indépendants Initiales (55 librairies en France et Belgique) s’est associé à la maison d’édition L’école des loisirs pour concevoir un livret, intitulé Boys don’t cry. Ce dernier propose une sélection de 20 romans, piochés dans le catalogue de l’éditeur, pour « dégommer les clichés ».
J’ai le bonheur d’y trouver mon bon vieux Holden en excellente compagnie (cliquer sur l’image pour l’agrandir)
C’est l’occasion d’écouter All Of My Crying des fantastiques Shannon & The Clams, où Cody Blanchard chante
I did all of my cryin’ When I was a baby boy (…) Little shoes I was tying When I heard a man’s voice Tears on thе sidewalk He said, « keep it inside »
C’est officiel, ma geste figure dans la première sélection du prix Heather-Dohollau, youpi ! Il faudra attendre mars pour connaître les trois titres retenus pour le sprint final – qui sait si Mon Biclou ira jusque là ? Car
sur le plan technique ne nous voilons pas la face le vélo n’est pas en forme outre que j’en avais depuis longtemps l’intuition et ne l’appelais déjà plus Mon Bolide que par affection un réparateur m’en a récemment alarmée après qu’il a remplacé le câble de frein qui venait de rompre me cinglant le dos de la main ce vélo m’a-t-il dit est bien mal en point et je vois bien dans les wagons adaptés autour de lui tous ces véhicules de compétition pendus par la roue avant avec des noms éclatants comme ceux des paquebots et un cadre en aluminium brossé que l’on soulève avec l’index et tous accessoires utiles de la lampe à la pharmacie avec port USB tandis que le mien est si rafistolé qu’il est dépareillé tout seul et aussi couine grince frotte et dans les montées sans pour autant dérailler souvent il émet une inquiétante détonation telle est sa maladie orpheline et si aujourd’ hui je ne panique plus chaque fois que la chaîne claque et que mon pied plonge dans le vide en pendule la surprise reste saisissante je laisse rouler un temps et reprends sereinement ce qui n’est pas sans m’évoquer encore la Louisiane et son bon temps roulé let the good times roll dit-on ailleurs mais les Cajuns disent eux bon temps sinon bon ton roulet ainsi que vins back et aussi lâche pas la patate et disent mieux serait de la gourmandise
Le 11 octobre paraîtra mon nouveau roman, Terrils tout partout, aux éditions Cours Toujours. Je remercie Georges Guillain pour le très bel article qu’il lui a consacré le 11 septembre, avec un mois d’avance ; vous pouvez lire l’article ici – en voici le tout début :
Et dans un mois tout pile, à savoir le jeudi 21 octobre, je présenterai Terrils tout partout au Bateau Livre, à Lille, à 18h. En attendant, vous pouvez découvrir des extraits du texte et des bonus sur la page qui rejoint aujourd’hui la barre de menu.
Si tout va bien sanitairement, je serai au Lieu Unique, à Nantes, le samedi 16 octobre dans le cadre du festival MidiMinuitPoésie : après une table ronde avec Bertrand Belin et Nii Ayikwei Parkes modérée par Éric Pessan (14h), je lirai des extraits de La geste permanente de Gentil-Cœur (15h45) et dédicacerai à tour de bras (18h). Programme complet du festival, ici.
(Ce billet remplace et développe un /3 de la semaine dernière en pas moins de 17 photos + liens culturels pour votre édification.)
J’évoquais dans le billet 449 un jardin que l’on peut admirer dans une cité minière de Mazingarbe. Mes photos ne rendent pas honneur à son art brut ; pour en voir et en savoir plus sur ce jardin remarquable et sur son créateur, François Golebiowski, cliquer ici.
Mais cet habitant n’était pas le seul (au passé puisqu’il est décédé en 2013) à construire des modèles réduits de chevalements. On en trouve également un à Billy-Berclau, de plus impressionnantes proportions.
Billy Berclau est l’une des rares villes qui aient conservé un authentique chevalement et il semble être devenu un logement. Je ne sais pas quelle partie des bâtiments est habitée mais une pancarte Défense d’entrer, propriété privée en protège l’accès, flanquée d’une boîte aux lettres indiquant les noms de celle et ceux qui résident là. (Photo prise à travers la grille).
Ainsi, certaines villes ont conservé des chevalements, témoins de leur passé minier ; c’est également le cas de Bénifontaine, d’Évin-Malmaison, de Haines, de Lewarde, de Liévin, de Loos-en-Gohelle, de Marles, d’Oignies et de quelques communes entre Valenciennes et Douai. À Haisnes, l’accès au chevalement est facile, sans doute dangereux, probablement pas autorisé. Ici, sa tour vue depuis son propre corps.
Il est devenu une véritable galerie de street art et abrite notamment cette pièce imposante.
C’est l’un des quatre derniers chevalements en béton que compte le Nord-Pas-de-Calais ; j’en ai découvert un par hasard, cette semaine, à Anhiers. On le distingue ici au loin, derrière la Scarpe inférieure et ses foulques, par un petit matin brumeux.
D’autres villes ont effacé les stigmates de leur passé minier, longemps considéré comme honteux (On était la lie de la lie, me disait récemment une descendante de mineur alors que nous évoquions l’avant-Unesco) ; parmi ces villes, certaines repenties ont confié à des artistes la tâche de faire revivre la mémoire que la précédente génération avait souhaité gommer. Voici quelques chevalements décoratifs, soit d’encombrants produits dérivés – j’en découvrirai forcément d’autres au fil de mes explorations et je ne manquerai pas de vous en faire profiter.
Leforest
Oignies
Hulluch
Méricourt
le même avec lampe de mineur géante
Car on trouve également dans le bassin minier quelques monumentales lampes de mineur, déclinées sous diverses formes. Notez qu’il y avait autant de variétés de lampes qu’il y en avait de chevalements (on constate la diversité de ces derniers sur une photo de Bernd et Hilla Becher visible ici), de maisons minières, etc.
Courcelles-les-Lens
Auchy-les-Mines
Harnes (lampe sur laquelle des supporters politiques collent des affiches, hélas)
Lallaing (notez que c’est le même modèle de lampe qu’à Auchy-les-Mines, même si le rendu est assez différent)
Liévin
Ici, la lampe géante rend hommage aux victimes d’une catastrophe minière qui a eu lieu en décembre 1974. On devine en arrière-plan un authentique chevalement très bien préservé.
Ce n’est pas le seul chevalement d’époque qui se dresse dans cette ville où il se trouve que j’ai grandi et que mes parents habitent encore ; depuis le monument ci-dessus, il suffit de pivoter sur soi-même pour retrouver le même tandem lampe-chevalement.
Ici, lampe et chevalement sont peints, ce qui n’est pas si fréquent (le chevalement d’Évin-Malmaison est rouge mais je n’en connais pas d’autre qui ait osé la couleur – la plupart sont juste entretenus : de teinte naturelle, si on peut dire). Cet article fera probablement l’objet d’addenda au fil de mes périples cyclistes.
Boucquins, c’était la journée de clôture du festival Poema dans le village de Boucq en Lorraine et en excellente compagnie. Ici, je finis ma lecture de La geste permanente de Gentil-Cœur en chantant Goodbye, Chère Amie de Magnolia Sisters, accompagnée par le super (et adorable) accordéoniste Nicolas Arnoult. Je remercie toute l’équipe pour son accueil chaleureux.
Le week-end dernier, dans La Voix du Nord, un article sur les randos-ateliers que je mène avec la plasticienne et graphiste Oréli Paskal. Sur cette photo, nous avons l’air sortis d’une série survivaliste (il manquait à peu près la moitié du groupe lors de la reprise après une interruption de plusieurs mois, mardi dernier) mais quand nous sommes naturels et ne ballons pas des bras, nous ne faisons pas trop peur. Je vous donnerai des nouvelles de notre carnet de route + carte sensible, qui a tout pour devenir un très bel objet, dès que nous aurons rattrapé notre retard covidien.