Regnéville, day 4

Il a plu toute la journée. J’ai travaillé les trente premières pages de mon manuscrit et je me rends compte que si je décris la nature de ce travail, ça ressemble terriblement à que j’ai appris sur la création électroacoustique chez Aude Rabillon la semaine dernière (et qui m’a déjà servi dans le texte) : j’ai parfois modifié la hauteur de mon brouillon, presque sa tonalité par endroits, sa vitesse dans certains passages, je l’ai étiré par endroits, j’ai inversé quelques structures de phrases, coupé allègrement, fondu des fragments et en ai dupliqué d’autres. Ensuite, j’ai retrouvé Emmanuelle Polle et nos interlocuteurs des Fours à Chaux et du département de la Manche et nous avons fait nos repérages pour la soirée du 5 mai : lectures de nos textes chuchotées par des volontaires à l’oreille de qui veut, sur des transats disposés face au havre :

lecture et musique avec Emmanuelle, Aude et moi, soit ici

soit, s’il pleut, dans la salle des fêtes de l’autre côté de la rue – hélas, le décor très lynchien (à la tour Eiffel près) aura été démonté.

Et c’est là qu’on dansera ensuite, sur ma playlist. Il y aura aussi des surprises et des guest stars. Après ces repérages, il y avait le jeudi des thés aux Fours à Chaux, où ma super coloc Marianne Dupain et moi avons présenté notre travail, et où j’ai fait une lecture de ma Suite du sanglier pour chevrotements et chaussettes roses. Puis on a bu quelques verres, Marianne et moi, selon notre nouvelle habitude. On ne danse peut-être pas mais, comme elle dirait, c’est cool, et je suis ravie de partager cette résidence avec elle. On se retrouve le 7 mars pour la suite de nos aventures dans la Manche. Ce matin tôt, je prépare ma valise en écoutant une chouette hululer, je n’ai pas vu passer cette semaine et c’est reparti pour des heures et des heures de train…

Regnéville, day 3

Aujourd’hui, j’ai rencontré des vaches de deux sortes : ce matin, en courant, la famille Badass que voici (vraiment pas commode)

et ce soir, à vélo, des vaches fascinées par le feu. Je connais la famille qui a fait ce feu ; hier, Monsieur a dû déplacer son tracteur pour que je puisse passer à vélo sur un étroit chemin communal miné d’ornières boueuses, en contrebas de la pâture que l’on voit ici. J’ai salué Madame et les enfants au passage cependant que Monsieur garait le tracteur devant sa ferme et nous avons échangé un signe de la main. Je me suis sentie autochtone, un instant. Et donc, tout à l’heure, ces vaches regardaient flamber les branches ; ça les a un peu perturbées que je m’arrête pour les photographier mais à mon arrivée elles étaient vraiment toutes rivées vers les flammes, c’était très beau.

Mais revenons au matin. Je suis allée courir au bord de la mer à Montmartin et à Hauteville, donc au sud des Fours à Chaux. La plage était plus sauvage et encore plus déserte que celle d’Agon-Coutainville, où je suis allée hier,

et que l’on aperçoit au loin ci-dessous, au nord. En mai, je me baigne. Emmanuelle Polle s’est baignée avant-hier, la température de l’eau était de 8° ; je ne prétends pas que j’y arriverai en mars mais en mai, je m’y engage. Je ne suis pas une petite nature.

Je ne côtoie pas que des vaches ici mais aussi des chevaux, comme on le sait, ainsi que des moutons, beaucoup de moutons assez craintifs.

J’aime la solitude de cette grange et l’estuaire en arrière-plan ; c’est une image typique, j’en ai bien l’impression, mais chaque fois je m’arrête et je prends une photo.

Au retour de ma course à pied, j’ai décidé de céder à la tentation touristique une nouvelle fois : après le sémaphore d’hier, voici une vue du château de Regnéville-sur-Mer. Les oiseaux y vivent nombreux.

Demain, je n’exclus pas (quelle folie) de vous montrer les Fours à Chaux ; aujourd’hui, dans le registre vieille pierre mangée par la mousse et la végétation, voici trois images prises sur le site desdits fours et de leurs annexes, dont le bâtiment ci-dessous. J’ai réussi l’exploit d’un cadrage qui laisse la surabondante signalétique du lieu dans les marges.

Détail d’un des fours.

Regnéville, day 2

Je n’ai pas vu passer cette journée, bien que je n’aie eu d’interaction avec personne (Fours à Chaux ≠ Factorie). J’ai couru sans croiser de sanglier, fini les corrections de mon roman de fantômes (c’est le travail le plus délicat que j’aie eu à faire depuis longtemps, dans la mesure où il va être décisif), et pour me récompenser je me suis octroyé une virée jusqu’à la très belle petite ville d’Agon-Coutainville, de l’autre côté de l’estuaire – ce qui représentait une trentaine de kilomètres ressentis 43 en raison des importants dénivelés + de la circulation autorisée à 70 km/h sur la seule route accessible à vélo + de deux nuits très courtes pour ne pas dire blanches. Je suis rentrée juste à temps pour ne pas provoquer les suidés dans leur magnifique habitat de bocages vallonnés. Voici quelques images de cette journée trépidante.

D’abord, laissez-moi vous présenter mon nouvel ami, que j’ai rencontré vers la fin de ma course à pied – il a un regard mélancolique, un nez tout doux et c’est un taciturne. J’aime bien partager des silences, bien sûr, mais ce matin j’avais eu très peur et ça me rend bavarde, alors je lui ai tout raconté au sujet de mon sanglier. Comme on le voit, ça n’a pas eu l’air de beaucoup l’impressionner.

En fin d’après-midi, me voici donc en route pour Agon-Coutainville et à Heugueville-sur-Sienne je passe devant le pont de la Roque, qui ne sert plus tellement mais qui a beaucoup de charme dans le genre vieille pierre mangée par la mousse et la végétation : décadence encore.

Et ça, c’est un sémaphore – hop, un peu d’histoire, une fois n’est pas coutume (mais je ne vais pas développer, n’abusons pas quand même).

J’avais décidé de voir la mer. J’ai vu la mer et elle était très belle. J’étais trop fatiguée pour être mélancolique + j’avais faim, soif + il y avait zéro spot de pipi nature, tout ça tombait bien.

Je suis rentrée dans le jour déclinant.

Puis ç’a été la franche nuit ; j’ai croisé un lièvre, pour preuve que c’était l’heure de la fiesta pour les autres espèces qui ne veulent pas de moi parmi elles, alors j’ai un peu parlé toute seule par moments pour m’annoncer, plutôt que d’actionner la sonnette. J’ai commenté ce que j’étais en train de faire, je n’étais pas de taille à improviser des poèmes. Demain, je me (re)lance enfin dans Nue, le manuscrit qui me vaut d’être ici ; je ne l’ai pas touché depuis si longtemps que je suis toute intimidée, comme si j’avais rancard.

Regnéville day 1

Dès mon arrivée, j’ai eu cette excellente surprise : j’ai un vélo j’ai un vélo j’ai un vélo !

Je vais tâcher de ne pas en abuser, j’ai beaucoup de travail, mais cet après-midi, après des heures de train, j’étais si heureuse de pouvoir déambuler dans le bon air frais au gré des dénivelés que je me suis octroyé deux heures de visite.

Je suis allée voir la plage bien sûr,

mais mon truc, ça reste plutôt les paysages de campagne. La nuit commençait à tomber quand j’ai emprunté ce petit chemin qui sent le sanglier mais je n’ai pas eu trop peur – mon traumatisme évolue : je suis désormais consciente que si ma laie avait voulu me dégommer, elle l’aurait fait ; quand elle a traversé le chemin devant moi, elle aurait aussi bien pu me charger une troisième fois. Je ne dis pas que je suis de nouveau prête à courir dans la forêt à l’aube mais j’ai déjà moins peur quand je croise un parc à crottes en centre ville. J’avance.

J’aime tellement ce genre de paysages que je pourrais en sangloter (// EV5).

Il y a beaucoup de vieille pierre, ici, notamment beaucoup de fragments de murs restés debout quand le reste de l’édifice a disparu, apparemment depuis longtemps. C’est assez mélancolique, décadent, presque gothique – ça tombe bien, je dois finir les corrections de mon roman de fantômes.

Et ça, c’est la vue depuis la fenêtre de ma chambre – on entend les vaches meugler dans le lointain, j’adore.

Souvenirs de la Factorie

Merci infiniment à Erwan Gourhant et à Marie Gautier pour ces très belles photos qui restituent parfaitement l’atmosphère de la Factorie. Ci-dessous, deux images d’un atelier d’écriture mené par Catherine et auquel Anna et moi avons participé, mercredi dernier. D’abord, un peu de méditation poétique,

puis un partage de lectures.

Et maintenant, quelques photos du grand soir, jeudi dernier, soirée de clôture d’une résidence inoubliable. D’abord, ma performance solo, quelque peu éprouvante – il y est beaucoup question de sangliers (tout comme dans celle de Maud).

Et surtout, notre final surprise, lecture des textes écrits collectivement le samedi soir précédent. Avec, de gauche à droite autour de moi, Emanuel Campo, Maud Thiria, Jean d’Amérique, Anna Serra et Catherine Barsics. Ils me manquent beaucoup. Amour éternel, les ami(e)s…

Val-de-Reuil

Vous êtes nombreux.ses à me réclamer le National Géo que je vous ai promis avant mon départ pour la Factorie. Le voici : après VdA, je vous présente VdR, autre ville nouvelle qui en diffère essentiellement par la densité. Selon le comparateur de territoires de l’Insee (qui est un super outil) :

PopulationVal-de-Reuil (27701)Villeneuve-d’Ascq (59009)
Population en 201813 11462 727
Densité de la population (nombre d’habitants au km²) en 2018512,32 284,3
Superficie en 2018, en km²25,627,5

On note une moins grande diversité de paysages urbains à VdR qu’à VdA mais un nombre important de points communs. Pour reprendre les catégories utilisées dans mon étude de VdA, on trouve à VdR :

De la campagne

Soit une ferme que vous avez entrevue ici, des lacs et des étangs, dont l’un est une réserve ornithologique, vue ,

Du style

dont voici un précipité : l’ancien théâtre, devenu la maison des associations – on y trouve encore un cinéma.

Face à la piscine, dont le toit est amovible, la police municipale fait une excroissance sur une résidence.

Comme à Pont de Bois (VdA), beaucoup de cheminements piétonniers se font en hauteur, à angle droit des dessertes automobiles.

Ce qui nous amène à la catégorie Des chemins, des passerelles (pas de tunnels ici)

De l’habitat

un peu moins varié qu’à VdA mais certains bâtiments semblent en être tirés avec une pince à sucre et posés là :

Ci-dessous, une immense résidence désaffectée en plein centre de la ville, dont voici un détail – le style m’évoque un peu le Blosnes à Rennes.

L’écoquartier tout neuf. Un jour, ce que j’ai supposé être le community manager de la municipalité y tournait un reportage tandis que je passais par là et m’a demandé s’il pouvait me filmer de dos « pour que ça fasse un peu de vie ». Le plus marquant, dans les deux villes certes mais surtout à Val-de-Reuil, c’est l’impression de ville fantôme qui ressort des rues désertes. Même autour des petits centres commerciaux, un sentiment de profonde solitude noue le ventre.

Ci-dessous, une image fait écho à une autre, prise à VdA, que j’insère à la suite en miniature, pour mémoire.

Ce parfum d’été nous amène à l’un des quelques California Dreamings que j’ai relevés au cours de mes promenades et nous permet d’aborder l’habitat pavillonnaire. Des lotissements de toutes les époques sont juxtaposés.

Ils côtoient aussi de rares vestiges (bien plus rares qu’à VdA) de l’ère agricole.

De l’art

aux couleurs primaires et aux formes régressives, dans un pur style VdA.

J’attirais l’attention d’Anna sur cet aspect de la ville, l’autre jour, alors que nous passions devant la sculpture ci-dessous ; j’ai employé l’expression art contemporain et elle a demandé si je parlais de ça. « Ce n’est pas très beau », a-t-elle ajouté prudemment, de peur que je ne sois sensible à cette forme d’art municipal, et de me froisser.

Ce qui nous a beaucoup amusé, mes autres camarades et moi, le jour de notre arrivée, c’est ce qui fait défaut à VdA : des ronds-points carrés ou en losange.

Un petit Upper rooms & kitchens s’impose enfin

Malgré ses nombreuses similitudes avec VdA, je ne pense pas que je me serais passionnée pour les villes nouvelles si je les avais découvertes à travers VdR (ni à travers Saint-Quentin-en-Yvelines, visitée cet été). Villeneuve-d’Ascq reste l’une de mes villes fétiches avec tous ses contrastes et ses passages secrets, une ville nouvelle qui n’est pas déprimante et qui recèle bien des surprises. Je poursuivrai ce comparatif de territoires très personnel à l’occasion.

encore de la danse

J’ai tellement dansé à la soirée de clôture de notre résidence à la Factorie que j’ai des ampoules sous les orteils (j’avais chaud, je dansais pieds nus) et des courbatures dans les mollets (comme s’ils n’étaient pas assez entretenus : qu’est-ce qu’il leur faut ?) Faute d’images d’hier, cette photo prise par Charlène la semaine dernière, sur laquelle Erwan, Anna et moi dansons dans le hall de la Factorie, notre bar QG du soir. La musique est Claim It! de Klein.

Je dois à Catherine Barsics d’avoir découvert Michele Gurevich – un soir, toute la petite bande a dansé sur le titre Party Girl. Découvrant la vidéo de Lovers Are Strangers, à l’instant, je suis à la fois émue et amusée, à l’idée qu’un jour peut-être nous ressemblerons à ces beaux danseurs et belles danseuses lors de l’édition 2053 des Poètes n’hibernent pas.

Je reviendrai sur la soirée de clôture quand la Factorie m’aura fait parvenir des photos. Après que les quatre univers / voix si dissemblables de Maud Thiria, d’Emanuel Campo, de Jean d’Amérique et de votre serviteuse se sont succédé, nos amies Catherine Barsics et Anna Serra nous ont rejoints pour un final surprise. Nous avons lu à six voix les textes que nous avions écrits ensemble la semaine dernière. C’était très émouvant. D’autres poètes encore se trouvaient dans la salle, Laure Gauthier, Mélanie Leblanc, Ada Mondès et Jérémie Tholomé, mais aussi Marie Nimier, que je n’avais pas vue depuis 2018 à Nevers Tandem et que j’étais stupéfaite de voir apparaître à la Factorie. Il a fallu beaucoup danser pour assimiler tant d’émotions et, pour dire au revoir à mes ami(e)s, les serrer beaucoup dans mes bras, espérant garder un peu d’elles et d’eux pour la route.

Montage photo d’Emanuel : reflets de Maud et moi sur les vitres de la salle Rrose Sélavy pendant nos lectures respectives.

there is darkness

Ce matin, pour la dernière fois, je suis dans la salle Rrose Sélavy de la Factorie quand mes camarades, mes amis, dorment encore, afin de pouvoir lire fort et sans retenue mon journal de résidence et lui apporter les dernières retouches ; demain matin, je ne pourrai pas le faire puisque j’animerai un atelier d’écriture et vendredi matin, je repars. J’en ai le vertige. Retrouver mes proches, ma maison, mon territoire, oui, mais perdre ce quotidien d’émulation, d’affection, d’une douceur infinie, je ne sais pas comment je vais le vivre. Ici, quand quelqu’un pleure, on le prend dans ses bras, quand quelqu’un est ému, on le prend dans ses bras, quand quelqu’un est généreux, on le prend dans ses bras, et les regards sont complices, les rires spontanés, et les mots réparent, consolent, ressuscitent. Je reverrai très vite certain(e)s mais nous ne retrouverons pas l’alchimie particulière à ce petit groupe dépareillé. Je ne l’oublierai jamais.

Je rentrerai aussi traumatisée, dépossédée de ce qui m’animait tant depuis des années, cette illusion d’avoir ma place légitime au sein des autres espèces. Voici un extrait de mon journal encore à l’état de brouillon, qui témoigne de ce traumatisme avec un humour que je perds désormais dès que suis dans un ersatz de nature (oublions la forêt) :

« je te cherche partout et toujours au cas où
je te cherche dans les bois et les champs
je te cherche dans les friches
dans les squares les parcs à crottes
les bacs à fleurs municipaux
je te cherche au bord du lac
sur les terre-pleins les talus
je te cherche dans les rues
j’imagine l’entrefilet d’un fait divers
quelque chose avec les mots
sanglier strike poétesse
antispéciste passerelle ville nouvelle

je scrute l’espace
en quête d’arbres et d’abribus
autour desquels tourner avec toi
espérant que tu te lasses
avant moi de notre danse »

Hier, sur la route du lac, je suis tombée sur le sanglier sans tête (attention, l’image peut choquer).

J’ai pleuré pour lui, pleuré d’effroi, pleuré que mon espèce conquérante ait gagné la peur et l’hostilité des autres. Peu après, j’ai abordé un couple d’inconnus, seuls autres humains sur le chemin qui sépare la voie ferrée des champs en contrebas de la forêt. Je leur ai parlé longuement. Puis des oiseaux se sont agités dans les arbres, le bruit qu’autrefois j’aimais tant m’a fait sursauter, mon cœur battait si violemment que la tête m’en tournait. Quand je pense à toutes ces aubes sur l’EV5, seule dans l’habitat des autres, l’exaltation que j’y puisais, j’en frémis. C’est fini pour moi. Je ne voyais qu’à quelques pas, inconsciente de ce que la profusion de la nature et de la nuit masquaient à mon regard, splendeurs et menaces. La nature semble me dire, Dehors, tu n’es pas chez toi ici.

à la Factorie (4)

Hier notre groupe a traversé une zone de turbulences. L’urgence dans laquelle nous travaillons, l’imminence de nos restitutions et la fatigue accumulée ont vu des larmes couler (pas les miennes mais il s’en est fallu de peu), le ton monter, des menaces de retrait proférées mais finalement il semble que nous ayons réussi à préserver notre unité. Par chance, les poètes reformulent volontiers.

Les échanges étaient vifs comme le cours de l’Eure.

Ci-dessous, une vue de la Factorie, de dos ; la salle dans laquelle Anna, Emanuel et moi aimons travailler est au premier étage ; la fenêtre du milieu est la meilleure place.

J’ai fini ce matin le texte que je vais lire jeudi soir lors de la restitution publique des travaux menés pendant la résidence. Avant que la Factorie ne s’anime, au lever du jour, j’ai répété depuis la meilleure place de la grande salle qui surplombe la rivière avec pour seul public le martin-pêcheur qui semble vivre toujours sur la même branche.

Hier soir, Emanuel et moi y avons travaillé, chacun face à sa baie vitrée, séparés par un rideau de théâtre bleu nuit. La lune presque pleine était si belle vue à travers les vitres gondolées, derrière les arbres chargés de gui, que j’ai pris les photos ci-dessous. Entendant le déclic de mon appareil, Emanuel a dit « Toi aussi, tu regardes cette magnifique pleine lune ? » Tant de beauté nous déconcentrait. Vérification faite, c’est pour cette nuit : la pleine lune du loup. Mais nous ne la verrons pas, nous serons à Rouen pour écouter la lecture de notre amie Catherine au foyer des marins.

à la Factorie (3)

Fidèle à mes pulsions d’amour universel et de création collective, j’ai proposé dès le premier jour à mes camarades que nous écrivions ensemble. Hier soir, nous avons commencé, assis autour de la plus grande table dans notre bar QG pourpre et doré. Ce matin, j’ai tapé neuf pages de poésie collective et je rêve qu’il nous reste dix jours pour que nous ayons le temps de constituer un recueil. Autant rêver de caresser un écureuil. (Celui-ci vient de passer sous ma fenêtre.)