NPR 95 de réincarnation

Quand je me suis approchée de ce panneau artisanal pour y scotcher mon QCM, tout à l’heure, j’ai découvert qu’il avait déjà fait l’objet d’un commentaire – il m’a fait sourire et m’a évoqué les usagers de la véloroute qui annotaient autrefois mes NPR (peut-être en sont-ils effectivement les auteur(e)s, j’aime cette idée, je décide d’y croire ; cette année je décide ce à quoi j’ai envie de croire, comme par exemple que Carrie et Ricah sont parties vivre ailleurs et que, là où elles sont, elles sont très heureuses et pincent d’autres mollets que les miens).

Par ailleurs, je pense que je vais bientôt réduire la fréquence des NPR parce que je suis un peu déçue par leur réception. Ils sont désormais systématiquement et presque instantanément vandalisés ou subtilisés, voire mal compris : ce matin, j’ai trouvé les NPR 92 de grande pédestre randonnée dans le même sens que les flèches qu’ils parodiaient. Quelqu’un a dû penser qu’il s’agissait d’un défaut d’accrochage.

Je devrais privilégier une autre forme d’action. Ce matin, j’ai eu la satisfaction de trouver un pont débarrassé de son affichage sauvage pour devinez quel parti politique (à 65 mètres de panneaux électoraux par ailleurs largement inemployés) et j’aime penser que mon mail à la mairie de Lens n’y est pas pour rien parce que ces tronches de nazi(e)s nous narguaient depuis des semaines déjà. J’aime beaucoup la trace de colle, ce long rectangle qui fait un fuck aux fachos.

NPR 93 du loser

Je suis hautement allergique à l’expression « en famille ou entre amis », particulièrement quand elle prend la forme d’une préconisation. On la trouve dans les plaquettes de théâtre (on m’a expliqué que c’est juste une manière de dire tout public, dans ce cas pourquoi ne pas écrire tout public ?), sur certains emballages alimentaires (où la mention est assortie de suggestions de présentation tout aussi édifiantes), et maintenant sur les cartels d’œuvres d’art en plein air.

(Je ne relève pas qu’on ne saurait qualifier d’abri une cabane sans cloisons ni toit. L’expression moment privilégié, en revanche, pourrait bien devenir une de mes nouvelles bêtes noires.)

NPR 92 de grande pédestre randonnée

Aujourd’hui, je me suis demandé ce que je ferais si j’étais une grande pédestre randonneuse confrontée à ces panneaux à la fois redondants et contradictoires de Loison-sous-Lens : partirais-je à gauche ou à droite ? choisirais-je de suivre la boucle dans le sens des aiguilles d’une montre ou dans le sens inverse ? Et j’ai décidé de corser l’affaire, parce qu’il n’y a pas que la gauche et la droite dans la vie, il y a aussi le haut et le bas.

NPR 91, 91 A et 91B à l’envers

L’idée de ce NPR m’est venue avant-hier lors d’une discussion. « On dirait un panda, m’a-t-on dit ; enfin non, l’inverse » et j’ai éclaté de rire, même si j’ai tout de suite compris ce que ça voulait dire. J’ai demandé, « Quel est l’antonyme de panda ? » J’ai gribouillé-bidouillé le NPR 91A pendant que nous poursuivions la discussion et me suis dit que je le suspendrais le jour où je trouverais un site qui s’y prêterait. Hier matin, j’ai eu l’idée d’une mini série destinée à la jeunesse, que j’ai tendance à négliger. Ainsi le

NPR 91 du zèbre

a-t-il trouvé place devant une école maternelle qui trône au centre d’un rond-point dans la cité des cheminots, à Méricourt

puis j’ai suspendu le panda devant le collège sis quelques centaines de mètres plus loin ; je me suis fait surprendre par un employé de style Hell’s Angels, qui a garé sa moto devant la grille – c’était improbable, il n’était que 6h45 – et je lui ai dit bonjour avec le plus grand naturel avant de repartir d’une foulée faussement désinvolte sous son regard perplexe, le laissant méditer la fameuse question

NPR 91A du panda

puis j’ai scotché une mise en bouche pour le bac philo à l’entrée du lycée dont je suis voisine

NPR 90, 90A et 90B antitiques

J’ai lu il y a quelques jours une nouvelle dans laquelle une jeune femme meurt à cause d’une tique du chevreuil ; les secouristes pensent qu’elle fait une overdose et la description de son agonie m’a durablement marquée. J’envisage d’investir dans un répulsif. En attendant, voici un communiqué du ministère de l’économie, des finances et de la relance bla bla bla, le

NPR 90 d’alerte

NPR 90A de signalez-tiques

(j’ai scotché ces NPR hier matin sur la véloroute ; ce matin, 90A avait perdu sa partie droite, arrachée rageusement ; je crois que le mot civique n’est définitivement pas le préféré des usager.e.s ; le centre commercial et les applis, en revanche, ne semblent soulever aucune antipathie)

NPR 90B tous antitiques

NPR 89 de sommation

L’idée ce cette sommation un peu perverse m’est venue après le rapt du NPR 85 autoréférent, relaté ici. Ce n’est pas que je sois vindicative mais, je l’avoue, j’aurais préféré que 85 soit vandalisé plutôt que subtilisé, afin de pouvoir réutiliser le cadre. Je n’aime pas menacer mais si ce petit chemin rejette désormais les NPR, j’irai scotcher, punaiser et ficeler ailleurs. Vous ne viendrez pas pleurer. En attendant d’en venir à de telles extrémités, je réserve toute ma fibre maternelle à la protection de ses usagers dans le triple NPR de demain.

NPR 88 des arbres à abattre

Il y avait ceci, sur une ancienne friche minière d’Harnes – habitat de lapins, faisans et (on le sait désormais) de renards.

Maintenant il y a ça

J’ai planté ce NPR samedi ; ce matin, il était intact (quoique gorgé de rosée) mais j’ai décidé de le remplacer par celui que vous verrez ci-dessous, une variation que je trouve plus réussie et que j’ai plantée au sommet du talus, sur un plateau qui présente le même paysage dévasté. Pourquoi ce massacre d’arbres sains et vigoureux ?

Va-t-on ici, comme à Sallaumines, construire une crèche et son parking ? Souvent, nous nous émerveillons qu’il existe tant d’arrière-mondes où il est loisible de respirer, dans ce bassin minier ; il est arrivé que nous trouvions miraculeux de ne pas en avoir été spoliés mais il semblerait que ça ne doive pas durer. En 19 mois, j’ai déjà vu tant de sites disparaître ou se policer que je suis inquiète : c’est fini, la beauté sauvage ? C’est maintenant que les décideurs les étouffent sous des constructions ultramodernes et leurs inévitables aménagements pour la voiture (cf. futur hôpital de Lens) ou sous une signalétique aussi disgracieuse que grotesque (comme à Noyelles, à Fouquières et à Pinchonvalles) ? La dernière signalétique en date, toujours à Harnes mais de l’autre côté du canal, a des proportions ridicules – je vous en ai présenté une étape ici . Voici donc un château d’eau qui annonce où ils se trouvent aux autochtones qui le savent déjà et à des touristes qui n’existent pas – sinon dans la tête de ceux qui jouent au bilboquet avec des subventions.

Il faudrait qu’un jour, les décideurs lèvent le cul de leur chaise de bureau et viennent voir à quoi ressemblent en vrai les site qu’ils défigurent et les usagers à qui leurs aménagements sont censés profiter. Comme je l’avais prédit, la lourde signalétique dont est affublé le terril de Noyelles n’a pas découragé les bad boys de poursuivre leur œuvre de vandalisme, au contraire, elle a l’air de stimuler leur inclination pour la destruction et lui offre même un support supplémentaire sur lequel s’exercer : briser le plexiglas, arracher le règlement et sa ribambelle d’interdictions, c’est quasi un bonus.

NPR 87 du chat bleu

Un NPR d’intérieur, aujourd’hui, dédié à la femme dont j’ai le prénom tatoué sur la main et dans le cœur.

J’ai pris la photo ci-dessus il y a plus de deux semaines mais comme le principe du NPR est d’agrémenter la journée des passants, j’ai attendu pour mettre en ligne ce billet d’avoir trouvé dans l’espace public une place appropriée où ficeler ce papier calque. Ce qui s’est produit la semaine dernière, dans une zone industrielle de Carvin.

Le concept du restaurant qui m’a fourni sa planète est intéressant, ce mélange de cuisines ch’ti et créole, très original ; par ailleurs, son nom nous enseigne que le créateur de cette enseigne n’est pas du coin, car ici, que ce soit dit, on ne prononce pas davantage le l de terril que celui de fusil, de sorte que le jeu de mots ne fonctionne pas. Vous en saurez plus dans mon livre sur les terrils, à paraître dans quelques mois.

Autres notes sur les NPR

1. Le NPR 85 autoréférent n’a pas vécu 24 heures sur le poteau à l’entrée de la véloroute Avion-Hénin-Beaumont. Ce qui me semble confirmer que mes concitoyens n’aiment pas les directives, les ordres et les interdictions. Cela dit, le panneau n’a pas été vandalisé mais subtilisé : on n’en trouve trace nulle part. Oh je sais ce que vous allez dire, vous allez imaginer qu’il a fini dans une poubelle municipale à roulettes, voire à moteur, mais dans ce cas, comment expliquez-vous qu’à quelques pas dudit poteau, on trouve encore ce matin divers spots d’ordures comme celui-ci

et même ce mal assis là d’un goût plus que douteux ?

2. Un peu de lumière et de beauté : on se rappelle l’amour inconditionnel si touchant de Méricourtois pour leur cygne sans tête, évoqué dans le NPR 36 de la petite sirène ; eh bien, pour preuve que l’amour peut faire des miracles, le cygne a non seulement retrouvé sa tête mais il est aussi fleuri !