Des radios

Demain, je vais enregistrer une émission à la Maison de la Radio – L’humeur vagabonde, sur France Inter ; je ne sais pas encore quand ce sera diffusé. Et le soir, sur Radio Libertaire, passera mon entretien avec Alexandrine Halliez, que je remercie encore.

RFI

Merci à Jean-François Cadet qui m’accueillait en direct, cet après-midi, dans son émission Vous m’en donnerez des nouvelles, sur RFI, pour parler de La vie effaçant toutes choses. On peut l’écouter ici.

Mes petites amoureuses à La Roche-sur-Yon

C’est vraiment un plaisir de faire cette lecture, surtout devant un public si réceptif… Merci à tou.te.s ! Merci à Jany pour cette photo.

Et merci à Clémentine pour celle-ci, où ma tête orne le Grand R, et que j’ai pris la liberté de réduire à un carré en noir et blanc.

La Roche-sur-Yon

Château-Fromage

Aujourd’hui, j’ai couru sur un chemin que Napoléon a parcouru à cheval, jusqu’àt Château Fromage (j’aurais bien poussé jusqu’à Sigournais mais c’est beaucoup trop loin – un peu après Chantonnay) ; à notre gauche, un pont surplombait l’autoroute, tandis qu’à notre droite, un champ de colza ondulait sous la brise.

(Napoléon was here. Moi aussi, sans cheval.)

Ici même, j’ai ressenti une telle joie que mes orteils gigotaient dans mes baskets, et soudain j’ai dansé, esquissant des sauts de biche, les bras tendus vers le ciel que parcouraient des nuages rapides.

(Saut de biche sur l’A87 en contrebas du susdit pont.)

Plus tard, j’ai descendu la D80 pour revenir vers la Roche-sur-Yon, me fiant à mon seul sens de l’orientation alors même que j’étais au beau milieu de ceci :

(La campagne, quoi.)

J’ai couru des kilomètres sans croiser un véhicule. Je prends goût à la campagne, me disais-je : des champs, des bois, des cours d’eau, des étangs, et personne pour me gâcher le paysage.

À cet instant précis, j’ai baissé les yeux et vu, au fond du fossé juste à ma gauche, un imposant mammifère mort, sur le dos, ses courtes pattes pathétiquement tendues vers le ciel. J’ai frappé plusieurs dizaines de fois ma cage thoracique avec le plat de mes mains cependant qu’une voyelle indéterminée roulait au fond de ma gorge. J’ai couru encore plus vite et veillé à ne plus baisser le regard vers le fossé jusqu’à ce que j’aie atteint la ville.

(De retour à la civilisation.)

J’aime beaucoup La Roche-sur-Yon. Je suis bien, ici, les journées sont bien remplies et le soir je bois des verres avec Sophie, Éloïse, Mandana et ceux que nous croisons chez Simone & Simone ou à la Maison Gueffier (à m’entendre, on dirait que je suis ici depuis longtemps – je le ressens ainsi).

* J’espère que vous savourez les sonorités locales.

** J’ignore de quelle espèce. Format raton laveur, robe marron clair.

L’art des jardins

La Roche n’a rien à envier à la banlieue lilloise en matière d’art. Vous traversez un lotissement et vous êtes au musée.

Le Chalet de l’Ouest est une tradition aussi répandue que le Chalet du Nord et s’accompagne de réjouissantes surprises.

Mais je dois avouer que la région nous bat dans le domaine de la flore, que ce soit dans la catégorie California Dreaming (l’on y trouve des palmiers par milliers) ou dans celle que j’appelle volontiers Imagin’Hair : ici, l’on taille les arbustes en boule, en cône, en cylindre, avec une précision rare. Ici, de jolies petites sphères devant ma maisonnette.

Des activités économiques

Voici cinq bonnes raisons de vivre dans une ville dont le nom permet autant de facéties que Hair et Tif.

Beaucoup fun

Ici aussi, on a beaucoup fun. Comme nous le verrons également dans l’incontournable Mal assis, là, tout est fait à la Roche-sur-Yon pour le confort des citoyens, à cette nuance près que les tondeuses municipales sont en grève depuis quelques mois, à tout le moins.

Mal assis, là

Comme j’en avançais la thèse ci-dessus, la tondeuse à gazon n’est pas aussi ancrée dans les traditions locales que ne l’est le sécateur – aujourd’hui même, une Yonnaise d’adoption particulièrement bien intégrée m’avouait recourir aux ciseaux pour entretenir la pelouse de son jardin. Ici, l’on peut manifestement prendre du bon temps, les chevilles dans les orties. Nous verrons plus bas que l’on peut également se ménager des lieux de convivialité dans des lieux publics particulièrement pentus ou perchés.



Des spécialités vendéennes

Au fil de mes courses à pied, j’ai découvert ce que je suppose être des spécialités vendéennes au même titre que le préfou et le fion, dans la mesure où je n’avais jamais rien vu de tel auparavant. Ci-dessous, une décoration de façade qui porte une coiffe typiquement vendéenne (toutes les femmes portent ici de ces coiffes carrées parfois dites capots canons, je le jure – si je ne vous le prouve pas par l’image, c’est bien parce que j’ai pour principe de ne pas photographier d’individus, à l’exception des animaux):

De loin, j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’une niche à vierge (j’opte ici pour la préposition à plutôt que pour de, comme dans des expressions telles que huche à pain, verre à vin et cloche à fromage – ce choix d’exemples tend à suggérer que l’apéro commence tôt ici, à la terrasse de Simone & Simone), les Vendéens étant de bons catholiques (ce matin j’ai croisé un arrêt de bus portant le nom de Jean XXIII – il nous faudrait une rubrique « aménagements municipaux et laïcité ») mais non. Vous comprendrez aisément ma confusion :

Un autre élément du folklore me paraît être ce panneau servant à compter les points d’un jeu qui est ou n’est pas (je ne sais vraiment rien de rien) la pétanque ou un jeu du même style, et que j’ai découvert quelque part entre Moulin Papon et Moulin Sec (une fois de plus, je vous invite à savourer l’onomastique locale) :

(Oui, mes photos sont écrasées par la lumière : comme ma tête par la chaleur. Mille excuses mais je ne pratique toujours pas la danse de la pluie.)

Un peu d’architecture

Vous êtes nombreux à me demander quid de l’horizontalité, de la verticalité, de la répétition de motifs, de la symétrie et de la vieille pierre à la Roche-sur-Yon. Vos questions sont légitimes et votre curiosité louable.

La ville dispose de quelques grands ensembles, dont voici deux aperçus qui ébauchent une réponse à vos deux premières questions. Notez que si une voie ferrée agrémentée d’un tunnel pour piétons fait la richesse de la première configuration, la nature enveloppe la seconde, avec sa rivière, son herbe à fun et ses orties.

Les lotissements sont nombreux, plats, labyrinthiques et traversés de petits chemins par centaines, qui relient les différentes rues. L’art des jardins, comme nous l’avons vu, y est souvent riche, qui casse par endroits la répétition de motifs cubiques beiges aux angles nets mais pas toujours ; ci-dessous, par exemple, non.

Quelques bâtiments, dans le centre de la ville, présentent une géométrie intéressante, comme c’est le cas du Palais de Justice.

Quoique la ville manque, à mon humble goût, d’arrière-mondes et de cicatrices (expressions murales diverses et autres dégradations), l’on y trouve un petit château muré qui m’a bien plu, dans le parc des Oudairies.

Jambes en l’air

De haut en bas, place Napoléon, devant le Grand R et à la Maison Gueffier, au cours d’un atelier d’écriture très guindé, comme on le voit clairement (merci pour leur complicité à Alix, Michèle, Pascale, Catherine, Barbara, Catherine et Bernard*, de gauche à droite sur la photo).

* Merci aussi à Micheline, Christian, Catherine, Eric, Corinne, Nad’, Pascale et Sophie, tous hors champ ici mais qui ont également contribué à faire de cet atelier un moment riche et généreux. Je leur dois aussi d’inoubliables fous rires.

Insurrect’yon

(Certains promoteurs se contrefichent de la lutte ; Philippe P., par exemple, s’en tamponne grave le coquillard. Si tel n’était pas le cas, il aurait veillé à placer son panonceau sur la virgule inutile plutôt que sur le pat.)

(« à partir de maintenant et pour toujours » a le mérite d’être à la fois clair et radical ; notez qu’il ne s’agit pas du même promoteur et que celui-ci soutient la lutte, d’autant que cette petite cabine mise à disposition des militant.e.s est rouge.)

Presque la campagne

D’après les informations que j’ai trouvées, l’agglomération de la Roche-sur-Yon, c’est 89% d’espace naturel et agricole – la métropole lilloise compte 46% de surface agricole mais a souffert d’une artificialisation rapide (le nouveau plan d’urbanisme PLU2 devrait au moins endiguer cette tendance). C’est vrai, je serais bien, ici, à la Roche-sur-Yon, je pourrais courir des années sans me lasser de découvrir de nouveaux champs et pâturages où serpentent des cours d’eau, où stagnent des étangs, où bruissent les arbres et les buissons, où paissent chevaux et veaux, et cependant rester à proximité d’une vraie ville : c’est ce genre de configuration qui m’attire à presque la campagne. Mais qu’est-ce que c’est vallonné, ici. Et puis il fait chaud. 46% de surface agricole, ce n’est déjà pas si mal, surtout pour une aussi grande métropole. Non, je pense que je vais rester encore un peu dans le plat pays.

Je reste

Je ne rentrerai pas de La Roche-sur-Yon, bien que l’on y travaille dur. Hier midi, lors de mon Jeudi Curieux au Grand R, nous avons écouté Sonic Youth, Help She Can’t Swim, Puccini, Barber, Mahler, Ravel, Toysession, Meredith Monk et Morton Feldman, dans cet ordre. J’ai trépigné pour continuer mais c’était l’heure. Bientôt, des images de Mes petites amoureuses, que Clémentine et moi avons jouées hier soir. (Merci à Jany pour les photos.)

Ici, tard le soir, on mange des pizzas et on joue à la Cène. Hier, j’ai fait Jésus. Devinez qui a fait Judas et qui Marie-Madeleine* : Johanna, Adeline, Mandana, Sophie, Mathilde, Clémentine, Éloïse, Myrto ou Patricia ?

Bref, je reste.

* Quand, au cours d’une soirée, j’entends une camarade dire à une autre, « Non, c’est moi qui fais Marie-Madeleine, je l’avais dit avant », je ne vais pas mentir : j’aime ma vie. (Notez que, chez nous, Marie-Madeleine ne reste pas dans la cuisine.)

Upper rooms & kitchens

Ce n’est pas comme si l’on n’avait pas l’embarras du choix en matière de bondieuseries, en Vendée. J’ai dû faire des choix douloureux. Vous aurez un Jésus agent de la circulation, un petit Jésus que sa vierge mère forme précisément au métier (d’agent – suivez un peu, je vous prie), et une Bernadette, parce que ça change et que le bâtiment qui lui est consacré ici est aussi un trésor architectural.

Quel est le point commun entre Brooklyn et la Vendée ? C’est bien simple : vous pourriez alimenter vos upper rooms and kitchens en églises, chapelles, calvaires, statue(tte)s, affiches et autres bondieuseries jusqu’à la fin de vos jours sans déborder de votre territoire. Je pense que c’est le seul – point commun. Encore une occasion de dire, Merci Jésus, son papa, sa maman et tous leurs amis de créer des liens si forts entre les fidèles par-dessus les eaux vigoureuses du vaste Atlantique.

Du papier et des autrices

Ce soir, quelques amis et moi avons fêté la version papier de mon portrait by Le Monde au QG LGBTQ. Juste avant cette modeste célébration, j’ai discuté avec Éliane Viennot du mot autrice et je réfléchis encore au meilleur positionnement que je pourrais adopter par rapport à cette question linguistique encore complexe à mes yeux ; plus tard, Barb, qui vient du Québec, m’a dit pencher comme moi pour auteure (c’est d’ailleurs le parti-pris québecois officiel). Le fait que le mot autrice ait été l’un des mots féminins les plus maltraités de la langue française, ces derniers siècles, remue en moi des notions de justice dont je ne sais pas encore ce que je ferai. Je vous tiendrai au courant. J’irai peut-être vivre à Montréal pour ne pas devoir trancher. Pour l’instant, écrivaine me semble tout compte fait relativement acceptable à l’oreille (quoiqu’elle n’ait pas de frontières dans la sphère musicale, il semblerait que mon oreille soit un peu lente dans l’assimilation des évolutions – ou reconquêtes – du langage par la cause féministe, ce dont je ne suis pas très fière, mais d’après Éliane Viennot, ça viendra).

(Merci à mon Antique pour la photo.)

Le Monde des Livres

Merci au Monde des Livres de m’avoir consacré son portrait de la semaine et merci particulièrement à Florence Bouchy, qui l’a signé. Merci à Antique de m’avoir envoyé les captures d’écran de la version numérique, faites sur son téléphone, de manière à ce que je puisse les assembler comme suit :

Plus de précisions sur les références qui ont nourri La vie effaçant toutes choses, ici (David Lynch, cité dans l’article du Monde, n’en est effectivement pas absent mais il a surtout marqué la première mouture du texte, avant que ne se pose la question de savoir s’il s’agissait d’un roman – c’était alors plus évident – ou d’un recueil de nouvelles ; plus essentiels ont été, dans ma réflexion sur la forme, Trois femmes de Robert Altman, Three Voices de Morton Feldman et Emily de Stewart O’Nan). Je tiens enfin à modérer : je n’ai pas dit que l’écriture était ma vie, ce n’est pas le cas (ou si je l’ai dit, c’était une coquille orale – après tout, ça existe) ; j’ai dit que je ne sais pas vivre, en effet, et que l’écriture est ma manière d’être au monde. Mais les gens que j’aime, la musique et la course à pied ont autant de sens pour moi que l’écriture et je ne serai jamais de ces auteurs qui prétendent que seuls les livres comptent – plutôt mourir (pour rester radicale).

Lire

Dans le numéro d’avril du magazine Lire, Josyane Savigneau évoque La vie effaçant toutes choses. Ce n’est pas la première fois que je suis amenée à la remercier – je le fais d’autant plus.

Remue

Merci à Jacques Josse pour sa note sur Pas de côté, parue aujourd’hui sur le site Remue.net. Un aperçu :

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