Gibney Dance

Ce soir, notre départ à la sortie de Gibney Dance, sur Broadway, a ressemblé à un tout petit feu d’artifices, avec des étincelles du groupe filant dans tous les sens et certaines que l’on croise par hasard quelques blocs plus loin (puis encore quelques blocs plus loin – je ne m’attendais vraiment pas à rire autant aujourd’hui), et d’autres non, alors je n’ai pas dit au revoir à tout le monde, comme si j’allais être là demain encore, et les jours d’après. Mais c’était une manière parfaite de dire à bientôt, que d’assister à une répétition de Cellular Songs, dont la première new-yorkaise aura lieu au mois de mars. J’attends la tournée européenne avec impatience. Je ne vous présente plus les merveilleux artistes et tout aussi merveilleuses personnes sur les photos ci-dessous. Notez juste que certains savent vraiment tout faire, y compris jouer du cor.

Legs up in Brooklyn

Bien sûr, j’ai pensé plusieurs fois, depuis mon arrivée, que New York se prêterait particulièrement aux jambes en l’air ; mais les jambes en l’air, c’était loin et je ne comptais pas forcément y revenir un jour. J’ai changé d’avis, ce matin, pour deux raisons : mon état lamentable requérait à l’évidence des mesures fortes, et puis cette rubrique semble amuser Allison – peut-être ce billet la fera-t-elle sourire, et alors je serai contente. En attendant, l’exercice a porté ses fruits sur mon moral. Je me sentais tellement bien dans mes baskets, dans les rues de Brooklyn, que j’aurais pu courir des heures. Ci-dessous, jambes en l’air au pied du Willimsburg Bridge, d’une maison typique avec escalier de secours et d’un tout aussi typique deli grocery.

Apophénie

Cet après-midi, je décide de marcher. Ma Metrocard est vide et ça m’arrange bien, j’ai envie de parcourir les rues d’ici tant que je peux encore le faire. La première photo que je prends, en chemin, m’apparaît comme un symbole parfait de ce que je ressens : la joie de retrouver ma maisonnette et ceux qui s’y sentent comme chez eux, et d’autre part la tristesse de quitter ma maison d’ici et la seule personne que j’y aie invitée en un mois.

Je passe près de la Brooklyn Academy of Music, où, il y a huit jours, mon séjour ici a en quelque sorte basculé, où du moins quelque chose semble s’être scellé. Sur le trottoir d’en face, je remarque cette femme au regard rapiécé, composite, une femme puzzle, puzzled, détail d’une longue fresque.

Je fais un détour pour longer Fulton jusqu’à Nostrand Avenue et ainsi explorer toute la portion de la rue que je ne connais pas. Et je découvre, ironiquement, ce que j’aurais dû découvrir à mon arrivée plutôt que l’avant-veille de mon départ. Je souris, je prends la photo et je dis merci.

Moulin et phare de Brooklyn

J’ai constaté, dès mon arrivée, l’absence de tout chalet du Nord à Brooklyn et vous vous souviendrez peut-être que j’en ai conçu un désarroi certain ; ce matin, à deux jours de mon départ, me voici rassurée : l’on y trouve tout de même un moulin + un phare (apparentés aux chalets dans mon étude sur le Kitsch & lutte des classes). En fait, je pourrais vivre ici sans frustration majeure.

Lined with noodles

Pour démontrer à certains tricheurs que Google Translate n’est pas une aide aux devoirs, je vais utiliser quelques expressions pas piquées des taons. Aujourd’hui, j’ai eu le cul bordé de nouilles : Allison, dont vous savez qu’elle m’a d’emblée tapé dans l’œil, ne m’a pas posé de lapin ce midi – je pensais quelle aurait d’autres chats à fouetter, mais non, elle a bien ramené sa fraise à Utica Ave. Chez moi, c’était le pied total, entre les moustaches et les discussions passant du coq à l’âne, car nous avons toutes deux la langue bien pendue. J’espère qu’elle ne s’est pas fait passer un savon pour son retard à la répétition de ce soir.

In other words :

To demonstrate to some cheaters that Google Translate is not a homework help, I will use some expressions not stung horseflies. Today, I had the ass lined with noodles: Allison, whom you know immediately struck me in the eye, did not bunny me this afternoon – I thought she would have other cats to whip, but no, she did bring her strawberry back to Utica Ave. At home, it was the total foot, between whiskers and discussions from cock to the donkey, because we both have the tongue hung. I hope she did not pass a soap for her delay at the rehearsal tonight.

Dean Street

Dean Street est une rue de huit kilomètres située juste sous l’espèce de frontière que représente (à mes eux) Atlantic Avenue (j’habite au-dessus). Allison a vécu là, dans une maison qui n’existe plus ; elle en a été chassée par des promoteurs et tout une portion de la rue a été rasée pour que l’affreux Barclays Center puisse se vautrer dans le quartier. Je m’aperçois soudain que je n’ai jamais précisé, en parlant des rues que j’aime, si elles allaient de l’ouest à l’est ou du nord au sud, alors que c’est un élément déterminant dans la perception que l’on a des rues ici. Comme Union St, Myrtle Ave (que j’ai déjà évoquée) ou encore ma propre avenue, Dean St va d’ouest en est ; à l’inverse, Utica Ave et mon cher Malcolm X Bd vont du nord au sud.

Des ouvriers ont fait une courte pause pour me regarder prendre cette photo, sans aucun commentaire, sans être intrusifs ; c’était un instant amusant.

Un peu plus haut que l’ancienne adresse d’Allison, un pan de la rue a été arraché comme une dent ; je me demande ce qui se prépare ici. Voici la vue par-dessus les palissades.

Une partie de la rue est occupée par des espèces de petites usines et des hangars. Sur les portes de l’un d’entre eux, ces fresques qui me semblent très inspirées d’Henry Darger, bien que les enfants soient vêtus et que les couleurs ne soient pas du tout celles de Darger (à tout le moins, ça manque de jaune.)

La plupart des écoles de Brooklyn sont décorées de fresques ; celle-ci est particulièrement cosmique – j’adore notamment sa vision des soucoupe volantes, c’est donc le fragment que je choisis de vous montrer.

Le fil barbelé n’est pas exactement comme le nôtre, aux États-Unis ; il semble très efficace.

Union Street

Quand je cours, il arrive maintenant que je suive une rue du début à la fin pour mieux apprécier ses contrastes ; à mes débuts brooklyniens, je slalomais pour changer de décor au gré des perpendiculaires, et parfois je retombais sur une rue que je croyais connaître mais que je découvrais autrement, un peu perplexe – par exemple, Myrtle Avenue n’est pas la même rue à Clinton Hill et à Bushwick (je ne l’ai jamais suivie jusqu’à Richmond Hill, tout au bout de ses treize kilomètres), ce sont des univers différents, alternativement bourgeois et plutôt crado, au sein d’une même entité. Union Street, dont je vous livre ici quelques images, n’est longue que de trois kilomètres mais c’est l’une des rues qui m’ont réservé les surprises les plus agréables, de Prospect Park au chantier naval.

Turtle dream

Ce matin, en courant, j’ai trouvé le cadeau idéal pour Meredith. Elle a une collection de tortues (+ une vraie, Neutron) et celle-ci aurait fait une belle table basse dans son loft, mais je n’ai pas réussi à la soulever, d’ailleurs j’avais déjà un lot de six moustaches dans une poche et des mouchoirs en boule dans l’autre. Zut alors.

L’art à Brooklyn (2)

Votez pour votre œuvre préférée parmi les trois sélectionnées ci-dessous par mes soins. Lomme, Mons-en-Baroeul et Loos réunis luttent difficilement contre Brooklyn – I coeur Brooklyn, au cas où ça ne se sentirait pas. Son kitsch, sa lutte des classes, ses musiques et ses parfums entremêlés. Mais assez pleurniché, voici de l’art…

Presque religieux :

Digne des grands musées :

Paysager :