JC+36

Ce matin, les jambes du lycée passent très tôt, l’air est encore frais, Dame Sam et moi (qui n’avons, cette nuit encore, dormi que deux heures) chantons un vieux tube de Fleetwood Mac dans la cuisine en préparant un thé aux agrumes, Carol-Anne fait de nouvelles épines dont on peut apercevoir le vert tendre, à droite sur cette photo.

Parmi les bonnes surprises du jour, mon caviste a rouvert ses portes. Je m’en réjouis démesurément et m’aperçois qu’au fond, j’ai besoin de repères rassurants, moi aussi. Quelques mètres plus loin, en attendant mon tour devant le Petit Casino, je discute avec une vieille dame. Je porte un masque et je me tiens à cinq mètres d’elle. Drôle de vie, hein ? je lui dis. Elle me demande si je suis de Lens et je trouve à la fois amusant, étonnant et réjouissant de dire oui. Elle est d’Éleu-dit-Leauwette : C’est à côté, dit-elle, et  je souris parce que Lens et Éleu partagent le même code postal. Par ailleurs, j’ai fait quatre années d’école primaire à Éleu. Je lui apprends l’existence du marché de la Grande Résidence, elle s’en réjouit alors moi aussi. Et parmi les bonnes surprises de mon jardin (dans lequel je passe mon tout premier printemps), il y a pas mal de muguet, un petit chat errant que je ne présente plus, une dizaine d’autres, et un arum.

Les salades que mon amour et moi avons plantées se développent à une vitesse folle. Pour rester dans la thématique du jardinage,

Le gant du jour

aperçu à proximité du terril maudit.

Le vide du jour

est quasiment une image touristique : celle de la très belle gare de Lens, dessinée par l’architecte Urbain Cassan et inaugurée en 1927. On voit bien, quand son parvis est dégagé, qu’elle est en forme de locomotive à vapeur ; à l’intérieur, des fresques en mosaïque d’Auguste Labouret représentent les mines. Lens n’est pas seulement une ville minière mais aussi une ville d’Art déco. Elle a de petits airs balnéaires par endroits, et à d’autres, on se croirait au Far West, puis on s’engage dans une rue de maisons en meulière et soudain on est en Pennsylvanie, et hop, voici d’immenses maisons à colombages. Magique. (La preuve en photos très bientôt.)

La musique du jour

est pour ce phénomène complexe et lumineux que j’appelle ici mon amour (alors que son nom même est une musique). Pour elle qu’il me semble connaître depuis avant le big bang et qui pourtant me surprend chaque jour. Pour elle qui est entrée dans ma vie avec son irrésistible déhanché, son « à vos risques et périls » et sans qui le monde aurait l’air d’un hall d’aéroport en temps de confinement. Pour elle, Valerie June chante ici Wanna Be On Your Mind – je le précise parce qu’un jour, alors qu’elle lisait ce blog sur son téléphone, mon amour a trouvé une vidéo d’un artiste que je n’aime pas, en lieu et place de celle que j’avais postée (elle me l’a montré, c’est vraiment très étonnant – si Polty se met aux nouvelles technologies, ma vie va devenir très compliquée).

In the darkest hours
Of the brightest days
I wanna be beside you
Each step of the way

Wanna be on your mind
Stay there all the time
You can call my name

Pour une fois, je sors en fin d’après-midi.

Regarde l’âne, bébé, il court ! dit une mère à une poussette. J’en rajoute un peu, fais faire une deuxième longueur d’enclos à Danny. Eh ouais… Puis je lui lance une carotte de calibre idéal et un désinvolte Salut mon chou, à demain, et je reprends ma route en remettant mon casque sur mes oreilles.

If I could
Baby, I’d give you my world
Open up
Everything’s waiting for you

De vieilles photos que j’ai prises

en 2016 et 2017 dans la métropole lilloise et qui se trouvent illustrer plutôt bien le reste de ma promenade.

Je ne l’ai jamais mentionné pour ne briser aucun cœur mais le Mini Marquette que je présentais ici n’est plus. Ce soir, devant les maisons mitoyennes toujours en travaux, des balançoires, un trampoline (sur rue, donc) et une vingtaine de personnes, canette à la main, devisant joyeusement ou, pour les plus jeunes et les plus canines d’entre elles, se poursuivant en courant joyeusement. N’étaient les parpaings, tout cela me rappelerait le camping.

Un peu plus loin, dans l’une des rues dont je proposais l’autre jour, bien malgré moi, une vision rétro californienne, deux amis boivent une bière sur les marches d’un hangar. Deux hommes qui passent par là s’arrêtent, le temps de faire avec eux des checks compliqués, non pas avec les coudes, bro, mais avec les mains (sans gants). En apnée sur le trottoir d’en face, je reste cachée derrière mes lunettes de soleil.

Le détritus du jour

est la rubrique Le détritus du jour. Assez de détritus. Si certains trottoirs de Lens ne sont pas bientôt nettoyés, c’est la peste qui va faire son retour… Bientôt, je dédierai une page (et non un simple billet) à la flore plastique du terril maudit.