Un minuscule abyme

Cette nuit, j’ai rêvé que je croisais L. par hasard dans une rue et que je lui disais, Quelle coïncidence, j’ai rêvé de toi la nuit dernière.

En juin

Le 17, au retour de mon dernier atelier à Corbie pour le projet Littérature & Nature de la MéL, je serai à la librairie Le Biglemoi, à Lille Fives, en compagnie de Yannick Kujawa ; nous échangerons et alternerons les lectures de son livre sur L’ouvrier mort d’Édouard Pignon (éditions Invenit) et de mon Terrils tout partout. Ce sera à 19h.

Le 20, je serai à Paris pour le projet Littérature & Nature mais je ne sais pas encore si l’événement sera ouvert au public ; je reviens avec des détails s’il s’avère que c’est le cas.

Le 24, pour le Livrodrome, je mènerai trois ateliers différents avec des adolescents et jeunes adultes. Voir la médiathèque de Liévin pour les inscriptions.

Le 25, je serai à Guesnain (entre Douai et Lewarde) pour le salon du livre à partir de 14h.

Weird in the wild

Trop weird pour n’être qu’un / 3, ces souvenirs d’une séance de photos avec Valentina et Laila – musicienne dont j’aime beaucoup le travail et qui figure également dans mon répertoire de créatrices sonores. Nous avons pris un train pour Hampstead Heath, la lumière était plus vive que nous ne le souhaitions mais nous avons essayé d’en jouer ; les réflecteurs sont devenus des accessoires. Nous faisions des essais pour la pochette d’un album à venir que je suis l’une des deux seules personnes à avoir entendu à ce jour, s’il m’est permis de frimer un peu, et dont je pressens qu’il ne passera pas inaperçu. Voici donc trois photos qui ne nous serviront pas et qui révèlent parfaitement l’esprit de ce que nous avons essayé de faire.

Nous avons beaucoup ri, sous le regard blasé d’un renard de format saint-bernard.

Cette sacrée rotondité

Voici enfin quelques images du 5 mai, à Regnéville, où Emmanuelle Polle, Aude Rabillon et moi-même avons performé notre pièce à trois voix pour la première fois.

C’était dans la salle des fêtes de Regnéville-sur-Mer.

Ici, nous sommes entourées par les allié.e.s de rêve, Claire Crosville et Pascal Benning. C’était un bonheur de travailler et d’échanger avec eux.

Faune de Londres

Je ne sais pas si c’est le cas dans tous les quartiers de Londres mais dans le nôtre, les animaux sauvages vivent dans la ville, dans les espaces communs des ensembles résidentiels, dans les squares, dans les cours d’eau qui courent au pied des habitations. Voici quelques potes croisés lors de mes courses à pied à Islington et Hackney. D’abord, ce renard, le premier que j’aie réussi à prendre de près sans que le flou l’emporte.

Même chose pour cet écureuil ; il y en a des centaines ici mais il est rare qu’ils acceptent de poser.

Un canard mécontent : trop de lentilles d’eau à son goût.

Une famille de foulques macroules, les deux mamans et les quatre enfants (c’est un couple homoparental) menacée par un requin, scène hélas ordinaire à Hackney.

Cette foulque-ci est sortie quelque peu ébouriffée de sa rencontre avec une panthère de péniche.

Ici, les oiseaux ont des statuts spéciaux : il ne faut pas toucher les cygnes parce qu’ils sont la propriété de la reine (sic), en revanche les poules d’eau n’ont pas besoin de carte de stationnement pour leur voiture.

Je finis par cette photo que j’aime beaucoup – le cadrage et le grain répondent aux critères esthétiques vers lesquels je dérive quelque peu ces temps-ci et le modèle est une splendeur.

Sun Ra

Hier soir, Valentina mixait à Hackney Earth. Il s’agit d’un ancien cinéma souterrain qui, après avoir été redécouvert, a été transformé en salle de concerts sans qu’une ponceuse ou un pinceau aient été mis à contribution. Pure décadence telle que je l’aime. Nous y étions déjà venues samedi soir pour la première soirée du Sun Ra Arkestra – l’ensemble légendaire allait jouer trois soirs de suite et Valentina mixait pour le dernier concert. Moi, je l’assistais modestement, lançais les morceaux en version digitale sur mon ordinateur portable et rangeais les disques dans leurs pochettes. Petite main. L’ingé son est venu dire à Valentina, Samedi soir, c’était le gars de Sonic Youth qui mixait, mais c’est toi qui gagnes. Il l’a félicitée pour l’étrangeté (le mot était weird) de sa sélection.

Elle m’a embrassée derrière ses platines et m’a dit, Tu aurais imaginé ça il y a trois mois, mixer avec moi pour le Sun Ra Arkestra ?

(Merci à Susumu pour la photo.)

Je ne l’aurais pas imaginé non plus en 1990, quand j’ai découvert l’ensemble – c’était l’époque où, comme je le décris dans Terrils tout partout, j’allais à pied à la médiathèque de Lens tous les samedis après-midi avec mon walkman et empruntais des disques de free jazz. Cette musique m’était un refuge comme l’espace en était un pour ce musicien avant-gardiste trop noir et trop gay pour son ère, au point qu’il préférait se revendiquer de l’espace. Aujourd’hui, l’Arkestra est dirigé par Marshall Allen, 97 ans et en grande forme ; il est le dernier musicien vivant de l’ensemble originel. Ci-dessous en rouge.

Alors que nous assistions au concert, Valentina m’a dit à l’oreille que Poutine avait menacé Londres de la bombe atomique ; elle l’avait appris le matin même. J’ai frémi quand l’Arkestra s’est mis à jouer Nuclear War dans une ambiance justement électrique.

Nous étions sous terre comme dans l’espace, dans une autre dimension. Il y avait les amis, Susumu, Yoshino, Cathy, Arthur ; il y avait une dame qui peignait des toiles au premier rang ; il y avait une vieille dame en tailleur-pantalon rose bonbon qui dansait avec une vigueur et une grâce magnifiques au pied de la scène et deux jeunes garçons debout au milieu des gradins, leurs corps souples et légers au milieu des spectateurs assis. Tout cela très magique et libérateur. Le concert fini, nous avons lancé notre mixtape, qui débute (comme je le disais dans le précédent billet) par un morceau maison, Valentina au piano et ma voix en boucle. On peut m’entendre dire « Tu souris mais la vérité est amère » (que je prononce comme un « ta mère ») ; l’idée nous en est venue parce qu’une inconnue a vraiment dit à Valentina, il y a deux semaines, dans la rue, « You smile but the truth is bitter ».

La vieille dame en tailleur-pantalon rose bonbon était la dernière à quitter la salle.

Aujourd’hui, nous allons prendre des photos pour un album de Valentina. Mais pas dans ce genre-là.

pas des vacances

Cette semaine, Valentina et moi avons collaboré pour la première fois ; nous avons concocté une mixtape de deux heures qui sera diffusée dans une galerie d’art virtuelle italienne (Fulmina de son petit nom) dans quelques semaines ; on y trouve beaucoup de morceaux que j’aime et que, pour certains, j’ai déjà relayés ici (d’autres ont fait danser Regnéville le 5 mai). Il s’agit d’une playlist 100% féminine, à 97% expérimentale. Le premier titre, c’est Valentina au piano et moi qui parle. Je posterai le lien de notre mix dès que celui-ci sera en ligne. Lundi, nous allons jouer les DJ à Londres ; ce sera notre deuxième travail d’équipe. J’aime aussi que chacune s’associe aux décisions de l’autre.

Et voici ma photo de la semaine, une Valentina à 319 € (balancelle incluse) sur le parking d’un supermarché, à Loison-sous-Lens. J’achète.

Regnéville, Acte 3, dernier jour

J’espère pouvoir bientôt mettre en ligne quelques images de la soirée de clôture : dès qu’on m’en aura envoyé. En attendant, voici une photo avec mes camarades de résidence, prise au beau milieu des festivités (entre ma lecture de ma Suite du sanglier avec l’orchestre de jazz et Cette sacrée rotondité en trio avec Emmanuelle et Aude). Avec moi, ci-dessous, Amandine, Florentine, Aude et Mathieu. Des amours, des artistes passionnants et des humains formidables. Merci à Claire C. pour la photo.

Ce matin, la brume flottait sur les paysages. Nous nous étions couché.e.s à 1h30 et à 5h30 tout le monde se préparait à prendre la route – Mathieu pour ses prises de vue, Amandine pour ses prises de son, Aude, Florentine et moi pour nos conversations poétiques filmées.

Nous nous sommes installées à la pointe de Montmartin,

face aux phoques (ou veaux de mer ?)

cependant que le soleil se levait.

Après ma conversation avec Florentine, j’ai laissé Aude commenter à son tour le paysage visuel et sonore avec notre super hôtesse et, en me promenant dans les dunes, j’ai croisé Amandine avec son enregistreur. Ce n’est pas anodin, de se retrouver si tôt dans ces sites qui nous accueillent ; nous y voyons le révélateur d’énergies convergentes, une circonstance rare et précieuse.

De retour à la résidence, nous avons eu des discussions si nourrissantes sur la création que nous avons décidé de créer un groupe de recherche – quatre femmes s’interrogent sur les processus créatifs, je n’en dis pas plus. La suite à l’automne. Je suis infiniment reconnaissante à Regnéville, aux interlocutrices et interlocuteurs qui m’y ont accueillie – particulièrement à Claire Crosville, Pascal Banning, Cindy Mahout et Élise Guilbert – mais aussi au hasard des calendriers d’avoir permis cette rencontre comme un petit big bang.

Regnéville, Acte 3, jour 4

Ce soir, c’est la fête. Lectures, performance et après on danse. Ce matin, j’ai commencé à dire au revoir – demain, Florentine, Aude et moi partons dès 6h au bord de la mer pour tourner une vidéo (je vous en parlerai en temps voulu). J’ai dit au revoir aux bocages,

au revoir au Kitsch & Lutte des Classes (il y a ici quelques Chalets Normands remarquables),

au revoir à la plage,

au revoir à Montmartin et à Hauteville,

et je me suis fait des amies. Nous avons discuté longuement. Je les ai invitées à la soirée, je leur ai dit que j’étais triste de partir et de me séparer de mes ami.e.s et en même temps heureuse parce que Valentina arrive chez moi samedi et qu’ensuite on ne se quitte plus pendant plus de dix jours. Elles étaient émues, je l’ai vu.

Ensuite, on a joué aux mimes et j’ai reconnu (voir vidéo ci-dessous) une chanson de George Clinton, French Kiss, dans laquelle il chante Like Henry Fonda said to Katharine Hepburn in the movie, « Let’s go suck face ».

Regnéville, Acte 3, nuit 3

Après une journée de répétitions avec mes chères Emmanuelle Polle et Aude Rabillon, Cette sacrée rotondité prête à être jouée en public,

mes ami.e.s et moi avons passé une soirée magique – magiques, les conversations avec Aude, Florentine Rey, Amandine Deguilhem et Mathieu Lion, magiques nos activités nocturnes, dont voici un aperçu.