Regnéville, Acte 3, jour 1

73 lapins. 29 lièvres. Vaches, moutons, chevaux. Mouettes. 1 faisan. 4 phoques. Quelques humains. Cette fois, je n’ai pas retrouvé Marianne. Ni Amélie ni Antoine, qui nous avaient rejointes pour la deuxième semaine de notre deuxième session. J’ai revu Claire et Pascal, j’ai rencontré Amandine, Lolita, Bubu, Mathieu et entrevu Florentine. L’ambiance est différente, moins apéritive. Cette fois, nous sommes deux à nous lever à 5h ; Mathieu ne va pas courir, il part en voiture avec son matériel de photo. Moi, je prends les photos avec mon téléphone et mes doigts mouillés puisque je cours donc ne vous attendez pas à de la qualité.

En plus ça ne flamboyait pas tellement, ce matin, il y avait trop de nuages.

C’était beau quand même, à sa manière nébuleuse.

Pas de belles photos, donc, mais de belles personnes, dont quelques ami.e.s que je me réjouis de retrouver, un mois plus tard.

Vous vous souvenez de lui ?

Et de lui ?

Certains veaux ont grandi, d’autres viennent d’embarquer dans la grande aventure de la vie normande, ils sont espiègles et, comme celui que l’on voit à gauche ci-dessous, aiment bondir et gambader.

Sans appareil photo, difficile de zoomer sur les phoques sans flou, d’autant que cette fois ils ont eu peur de moi (c’est assez vexant). Sur la photo, les petits ont déjà plongé dans le havre à mon approche.

Sur la vidéo, on voit l’un des deux adultes les rejoindre.

Un bon week-end

Hier, j’ai passé un formidable moment à la Cité des Électriciens de Bruay-la-Buissière, en compagnie des éditions Cours Toujours. Le public était venu nombreux, particulièrement pour un samedi après-midi ensoleillé ; comme à Mont-Saint-Éloi, Terrils tout partout m’a permis d’avoir des échanges émouvants avec mes nouveaux.elles concitoyen.ne.s pendant les dédicaces. J’étais aussi ravie de retrouver Schéhérazade d’Escales des Lettres – je vais beaucoup la voir au mois de juin puisque nous présenterons TTP dans pas moins de six centres pénitentiaires.

J’espère aussi revoir bientôt la Cité des Électriciens, où je compte bien postuler pour une résidence. Je suis tombée sous le charme du lieu, particulièrement de ce palimpseste – dans une ancienne maison de coron, où les habitant.e.s ne détapissaient manifestement pas avant de passer au papier suivant. On s’en doute, le côté Kitsch & Lutte des Classes m’a beaucoup parlé (surtout les mickeys).

En tout cas, on pourra encore voir l’exposition de mes photos jusqu’à la fin de l’année. Ci-dessous, le terril Donovan et le terril Fernsehturm in situ, sur leurs chevalets (chevalet étant aussi un synonyme de chevalement, je le précise au cas où vous ne seriez pas du coin).

Et ce matin, j’ai retrouvé Johanna, qui avait déjà modéré la rencontre autour de TTP à Mont-Saint-Éloi, justement. Cette fois, c’était à Arras, pour le traditionnel salon du livre du 1er mai organisé par Colères du Présent. Les conditions et la population étaient très différentes. Mais j’étais heureuse de revoir certaines personnes que je n’avais pas croisées depuis le monde d’avant.

Merci à Dominique Brisson et à mon père pour les photos des rencontres.

L’évaporée

C’est désormais officiel : L’évaporée, mon roman à quatre mains avec Wendy Delorme, paraîtra aux éditions Cambourakis à la rentrée de septembre. Le livre est parti en impression hier et nous l’avons présenté cette semaine aux représentants d’Actes Sud – une drôle d’expérience : c’était en visio et nous ne pouvions pas voir à qui nous nous adressions, par ailleurs c’était la première fois que Wendy et moi parlions de notre livre en public, la première fois que je me pliais à l’exercice en duo. C’était rassurant et en même temps ça me donnait une forme de responsabilité dont je n’avais encore jamais fait l’expérience. J’aime beaucoup notre roman ; j’en parlerai en détail en temps voulu mais je peux déjà vous dire que nos deux univers / écritures / temporalités créent une dynamique très particulière, dont je mesure seulement aujourd’hui l’efficacité. C’est sans doute mon roman le plus efficace et ficelé à ce jour – comme Wendy et moi le souhaitions. Je suis aussi très heureuse d’avoir travaillé avec Laurence Bourgeon, éditrice attentive, minutieuse et toujours ouverte à la discussion (nous avons beaucoup parlé de virgules – ce n’est pas une légende : les auteurs et les éditeurs parlent énormément de ponctuation), y compris pour le choix de la couv. J’ai suggéré que nous pourrions utiliser une photo de Bérangère Fromont, photographe dont j’aime énormément le travail et qui se revendique de la communauté LGBT. Je vous dévoilerai la couverture de L’évaporée en juin quand nous aurons reçu nos exemplaires mais, en attendant, voici une photo de Bérangère Fromont que nous n’avons pas choisie ; c’était l’une de nos préférées, à Valentina et moi ; celle qui a fait l’unanimité entre Wendy, Laurence et moi est tirée de la même série. J’ai découvert le travail de cette artiste dans la revue Femmes Photographes, que mon amie Aude Rabillon m’a mise entre les mains. Je lui dois donc la super couv de mon prochain roman <3

© Bérangère Fromont

Et après on danse

C’est le jeudi 5 mai à Regnéville-sur-Mer. Emmanuelle Polle et moi aurions souhaité appeler la soirée Chaud Chaux Show mais les anglicismes sont interdits. J’aime beaucoup aussi le titre « Et après on danse ? une soirée littéraire » : danser correspond bien à mon idée d’une soirée littéraire.

16h, l’atelier jazz vous ouvre ses portes : rendez-vous à la salle des fêtes

18h, je lis ma Suite du sanglier pour chevrotements et chaussettes roses avec l’atelier jazz

18h30, au camping, face à la salle des fêtes, on vous propose buvette et petite restauration avec en prime des lectures à l’oreille de textes sélectionnés par Emmanuelle Polle, Florentine Rey et moi-même

20h, Emmanuelle Polle, Aude Rabillon et moi vous proposons une lecture électroacoustique de Cette sacrée rotondité, performance que nous aurons passé deux jours à répéter especially for you et sur laquelle Aude est déjà en train de travailler

et après ? essayez de suivre un peu, voyons : après, on danse

j’ai préparé une playlist de 59 titres (+13 additionnels si on ne peut plus vous arrêter de danser danser danser danser danser) du blues à l’expérimental, ma playlist Dancing Chicken / mostly women

Salon du 1er mai, Arras

Cette année, j’y serai de nouveau. Je présenterai Terrils tout partout à 11h sous le chapiteau des écrivains puis vous pourrez me trouver sur le stand des éditions Cours Toujours – mais si vous souhaitez me rencontrer, m’offrir des cadeaux (vegan) ou me tirer les cartes*, ne venez pas trop tard, je ne pourrai pas rester longtemps puisque le lendemain, je pars dès potron-minet pour Regnéville-sur-Mer. À dimanche…

* N’ayez crainte, je n’ai pas le covid ; ma propension au hors-sujet fait de moi l’heureuse porteuse d’une angine blanche que les antibiotiques auront fini d’évacuer lors des festivités dominicales.

Cité des électriciens

Samedi, je présenterai Terrils tout partout à la Cité des électriciens, à Bruay-la-Buissière, à 17h. Je serai interrogée par Schéhérazade Madjidi, ce qui me rappellera d’excellents souvenirs (JMJ, ma résidence croisée avec Marie Chartres remonte à neuf ans déjà…) Une particularité de cette rencontre, outre que c’est la première de ce genre qu’organise la structure, est que l’on pourra y voir une exposition de mes photos, soit un extrait de mon nuancier des terrils. Dominique Brisson sera également présente.

2 jours cellulaires

Mon amour et moi avons passé deux jours incognito à Paris.

Nous avons constaté l’extrême difficulté de s’y alimenter – à Londres, on trouve des options vegan absolument partout, des cuisines de tous les pays sont accessibles aux antispécistes, c’est fantastique (j’y ai même testé la nourriture népalaise) ; je me rappelle avoir constaté la même chose à Berlin il y a dix ans déjà ; mais à Paris, même trouver une option végétarienne est un défi. (Outre que les gens sont d’une impolitesse exemplaire, que les rats filent sur les trottoirs immondes et que des êtres humains errent pieds nus, égarés, au milieu de gravures de mode ployant sous les sacs de shopping.) Mais nous avons infusé notre magie dans cette ville qui m’est si hostile.

Nous avons trouvé l’hôtel le mieux insonorisé de la capitale, aux murs couverts de mousse alvéolaire. Il se trouve à la Villette, j’aime bien cet endroit (je ne suis pas que grognon).

Nous étions venues assister à la version concert de Cellular Songs, la pièce de Meredith Monk dont j’ai beaucoup parlé dans mon livre A happy woman mais également sur ce blog, dans la rubrique Autumn in New York. Après y avoir assisté, nous avons rejoint la joyeuse compagnie pour fêter l’anniversaire de ma chère Allison. Je les retrouvais, Meredith et elle, près de cinq ans ans après mon immersion dans la vie de l’Ensemble à New York. Allison et moi avons repris The Mountaineer’s Courtship, chanson d’Ernest et Hattie Stoneman (1927) que nous avions déjà chantée à Lille. Nous étions également en compagnie de Jean-Louis Tallon, auteur (entre autres) du formidable livre Meredith Monk, Une voix mystique, paru cette année aux éditions Le Mot et le Reste ; je le rencontrais hier pour la première fois après cinq ans d’une correspondance régulière et amicale. Ci-dessous, sur la photo prise par mon amour, on me voit auprès d’Allison et de Meredith et on aperçoit en bout de table Ellen Fisher, toujours aussi adorable et drôle qu’en 2017.

La photo ci-dessous a été prise par Jean-Louis.

Quand reverrai-je Allison et Meredith ? En octobre si je suis Valentina en tournée (c’est à l’étude), en 2023 si je fais miraculeusement partie des élus de la Villa Albertine… Cette fois, en tout cas, je ne laisserai pas passer tant d’années.

Et maintenant, l’Ensemble est en route pour une dernière date européenne cellulaire au Luxembourg, mon amour en plein vol pour Malmö, où elle jouera à minuit. Moi, je suis rentrée à Lens, un peu étourdie par tant d’émotions fortes.

(Détail du papier peint dans la chambre d’hôtel.)

superficie

Je devais donc participer aujourd’hui à une grande fête et lancer la Maison de la poésie de Bordeaux en formidable compagnie, au lieu de quoi je n’ai pas vécu cette journée – passés les premiers moments où, à peu près disponible intellectuellement quoique l’œil éteint, j’ai pu discuter avec mon amoureuse, elle sur son oreiller des Pouilles et moi sur mon oreiller minier, puis elle s’est levée tandis que je suis restée amorphe, assommée, incapable de bouger seulement le bras pour répondre à ses messages pendant parfois des heures. Une journée à dormir, la tête pleine de sable. Une journée pas là. Une journée pour rien même si elle dit que ça n’existe pas et que mon corps a ses besoins, que je dois respecter. Au milieu de tout cela, un appel des finances publiques : Monsieur A. me demande quelle est la superficie de ma maison. Excellente question, man. J’ai l’impression d’avoir pris du LSD (c’est du moins l’idée que je m’en fais), je dis, Oh là, je peux vous dire ça plus tard ? Je n’ai pas de mètre-ruban sous la main. Il dit que lui, c’était la semaine dernière, sa session couette pour cause de grippe. La semaine prochaine, je sautillerai à Londres. Pour l’instant, mon univers a la superficie de mon lit et se complique parfois d’un ou deux escaliers. Tout le reste me manque, mon truc c’est plutôt le mouvement.

Pour l’occasion, voici les photos qui auraient dû défiler derrière moi ce soir à la MdP de Bordeaux, celles que l’on trouve dans La Geste permanente de Gentil-Coeur mais – exceptionnellement – en couleurs. La première montre des arbres et un joli panneau à la camp scout qui n’existent plus, rasés par la ville de Sallaumines pour en faire un parking. Sur la sixième, on voit une pie harceler un chat – je jure que ça s’est vraiment passé.

Pas une geste

Donc le médecin a dit non, on ne va pas lire à Bordeaux avec une grippe carabinée. C’est le troisième jour et j’ai encore de la fièvre, alors il faut renoncer. Ce serait un euphémisme de dire que je suis triste et déçue mais il est vrai que, vu mes difficultés à descendre un escalier, prendre trois trains puis gesticuler (car c’est bien ce en quoi consiste ma lecture) tout en éternuant et toussant serait un défi un peu audacieux et pas très correct envers celles et ceux que je risquerais de contaminer. Alors je vais rester dans mon lit et un état semi comateux, avec Spring d’Ali Smith et mes leçons d’italien.

Un extrait de Spring dans lequel la Terre s’adresse aux humains, comme j’ai demandé aux élèves de Corbie de le faire dans nos ateliers – pure coïncidence :

« Mess up my climate, I’ll fuck with your lives. Your lives are a nothing to me. I’ll yank daffodils out of the ground in December. I’ll block up your front door in April with snow and blow down that tree so it cracks your roof open. I’ll carpet your house with the river. »

(J’adore Ali Smith.)

Perluète

Sur le site de Perluète, la revue de l’agence Normandie Livre et Lecture, vous pouvez trouver un article qui récapitule les étapes de ma résidence croisée avec Emmanuelle Polle. On y clique aussi sur un lien vers Soundcloud, où l’on peut entendre une interview donnée à Cindy Mahout, interview que j’ai moi-même habillée de musiques avec mon petit logiciel gratuit. Au programme,

Delphine Dora, Rêver l’imperceptible
Valentina Magaletti, Tutti Alcirco!
Félicia Atkinson, Courir
Cucina Povera, Zoom 5
Klein, Camelot Is Coming
Circuit Des Yeux, Call Sign E8
Micachu & The Shapes, Nowhere

J’avais des contraintes de longueur et n’ai donc choisi que des morceaux très (très) courts. Par coïncidence, on n’y trouve pas seulement mon amoureuse mais aussi l’artiste que j’évoquais dans mon précédent billet, qui l’a invitée à faire sa première partie ce soir. On peut écouter le podcast ici.

On peut enfin y découvrir Cette sacrée rotondité, mon texte à quatre mains avec Emmanuelle Polle – que nous lirons bientôt en public avec la complicité de ma chère amie Aude Rabillon. Je l’ai aussi ajouté dans le menu de ce site, ici.