Où est Ptchulli ?

Dans l’avion ? Mais non, voyons.

J’avais bien fait les choses ; je me suis dirigée vers l’aéroport avec beaucoup, beaucoup d’avance.

Une fois dans le bon terminal, j’ai trié les photos de mon séjour sur un siège doté d’une tablette, pour que le diaporama n’endorme pas mes proches, demain, à l’apéro. J’étais zen, vraiment (®Temesta). Puis je suis allée voir ce qui se passait du côté d’Iceland Air, pour me dégourdir les jambes (qui sont des femmes). Mon vol était annulé. La compagnie aérienne m’offre une nuit au Crowne Plaza, qui vibre du trafic aérien et qui est d’un effroyable mauvais goût.

(Sans les couleurs, on voit un peu moins combien c’est laid, mais je ne pouvais pas assumer ces rouges criards.)

Très déprimée, j’ai repéré un deli grocery à un kilomètre de l’hôtel ; je m’y suis acheté une bière qui s’appelle Rebel IPA et qui est assez forte. J’ai demandé au monsieur à la caisse de l’ouvrir pour moi. Marcher dans des vraies rues après avoir parcouru des couloirs froids à l’aéroport et posé ma lourde valise dans cet hôtel aseptisé, ça m’a fait du bien. Il y avait plein d’éléphants sur des barrières, dont un modèle que je ne connaissais pas : l’éléphant barrit, la trompe et les pattes antérieures levées. Je n’ai pas osé le prendre en photo à cause de ses heureux propriétaires mais, plus loin, j’ai trouvé une œuvre d’art qui vaut bien quatre éléphants.

(Courage, Madame.)

De retour au Crowne Plaza, je me suis assise au fond du parking, face à un mur très à mon goût, et j’ai bu quelques gorgées de ma Rebel IPA dans son emballage de papier en fumant une cigarette : comme une beatnik.

Et, bien sûr, poussant la provocation jusqu’à l’extrême, j’ai commis ce délit sous un drapeau américain.

Maintenant je me pelotonne dans mon affreuse chambre en essayant d’oublier les démarches vraisemblablement kafkaïennes qu’il me faudra engager demain pour m’incruster sur un autre vol, je finis ma Rebel en coutant WBGO et je retouche des photos. Je suis sûre que je suis punie par Jésus pour avoir manqué la messe de ce matin – mais, gros malin, si j’avais su, j’aurais pu ne pas la manquer : nous n’allons pas nous en sortir, Jésus et moi, si nous ne cessons de nous punir à tour de rôle. Que faire ?