Je n’ai pas vu passer cette journée, bien que je n’aie eu d’interaction avec personne (Fours à Chaux ≠ Factorie). J’ai couru sans croiser de sanglier, fini les corrections de mon roman de fantômes (c’est le travail le plus délicat que j’aie eu à faire depuis longtemps, dans la mesure où il va être décisif), et pour me récompenser je me suis octroyé une virée jusqu’à la très belle petite ville d’Agon-Coutainville, de l’autre côté de l’estuaire – ce qui représentait une trentaine de kilomètres ressentis 43 en raison des importants dénivelés + de la circulation autorisée à 70 km/h sur la seule route accessible à vélo + de deux nuits très courtes pour ne pas dire blanches. Je suis rentrée juste à temps pour ne pas provoquer les suidés dans leur magnifique habitat de bocages vallonnés. Voici quelques images de cette journée trépidante.
D’abord, laissez-moi vous présenter mon nouvel ami, que j’ai rencontré vers la fin de ma course à pied – il a un regard mélancolique, un nez tout doux et c’est un taciturne. J’aime bien partager des silences, bien sûr, mais ce matin j’avais eu très peur et ça me rend bavarde, alors je lui ai tout raconté au sujet de mon sanglier. Comme on le voit, ça n’a pas eu l’air de beaucoup l’impressionner.
En fin d’après-midi, me voici donc en route pour Agon-Coutainville et à Heugueville-sur-Sienne je passe devant le pont de la Roque, qui ne sert plus tellement mais qui a beaucoup de charme dans le genre vieille pierre mangée par la mousse et la végétation : décadence encore.
Et ça, c’est un sémaphore – hop, un peu d’histoire, une fois n’est pas coutume (mais je ne vais pas développer, n’abusons pas quand même).
J’avais décidé de voir la mer. J’ai vu la mer et elle était très belle. J’étais trop fatiguée pour être mélancolique + j’avais faim, soif + il y avait zéro spot de pipi nature, tout ça tombait bien.
Je suis rentrée dans le jour déclinant.
Puis ç’a été la franche nuit ; j’ai croisé un lièvre, pour preuve que c’était l’heure de la fiesta pour les autres espèces qui ne veulent pas de moi parmi elles, alors j’ai un peu parlé toute seule par moments pour m’annoncer, plutôt que d’actionner la sonnette. J’ai commenté ce que j’étais en train de faire, je n’étais pas de taille à improviser des poèmes. Demain, je me (re)lance enfin dans Nue, le manuscrit qui me vaut d’être ici ; je ne l’ai pas touché depuis si longtemps que je suis toute intimidée, comme si j’avais rancard.