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Il y a un an, notre chevale allait droit dans le mur de l’amour quand elle décida de contacter une chevale de compétition qu’elle admirait depuis longtemps dans les magazines (genre Super Tiercé, Turf 50, Salut les PMU, etc.). Avec son nœud blanc dans la crinière, baignée de lumière californienne, son idole semblait inaccessible et pourtant, ce 23 février, elle a répondu au hennissement admiratif de notre chevale. Et hop, c’était parti. Pas d’un galop pompier, non, plutôt d’un trot charmant, bien suffisant pour sauter les obstacles en toutes grâce et légèreté. Merci pour le bonheur, dit notre chevale ; et sa chevale à sunglasses de lui répondre, tortillant ses charmants sabots vernis, Merci à toi aussi.

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(Photos prises à Saint-Jans-Cappel et – image centrale – à Los Angeles)

festival d’Amour

Quelques souvenirs de la soirée de clôture. Merci à Valentina et à mon Antique pour les photos ; merci à Soazic Courbet pour l’invitation ; merci au public d’avoir ri à nos blagues (celui de la veille, à la librairie Tulitu à Bruxelles, était tout aussi fourni, réceptif et chaleureux, merci à lui aussi – et merci Ariane, merci Manon).

C’est qui, la pseudo-féministe ?

C’est toi, semble m’accuser Wendy, qui me désigne de l’index.

Trop injuste…

sauvages

J’ai enfin le temps de poster quelques images du livre-objet que Catherine Barsics et moi avons écrit et fabriqué au Comptoir du livre, à Liège, entre le 6 et le 11 février. Il est constitué de fragments de formes diverses, sur des papiers divers ; son titre est sauvages ; son ISBN, 978-2-931175-04-0. Nos complices pour la conception, le pliage et l’assemblage de l’objet étaient Benjamin Dupuis, Charlyne Audin, Emelyne Delfosse, Louise van Brabant et Ophélie Blanck. Je leur envoie plein d’amour, ainsi qu’à l’équipe de la librairie La Grande Ourse, Claire et Rébecca.

Voici les livres dont nous sommes parties pour construire nos textes :

Catherine et moi, ravies, à la fin de la performance du vendredi soir.

(Photos d’Ophélie Blanck)

dommages

il est où mon bonjour ?
ils sont où ma belle journée, ma douce nuit, mes jolis rêves ?
il est où mon feel-good, Éric ?

je ne trouve pas dommage de ne pas venir à ton festival de gauche
je ne regrette pas de ne pas prendre cinq trains jusqu’à ton festival
et de ne pas être hébergée chez l’habitant
c’est très compliqué pour moi d’être hébergée chez l’habitant parce que j’ai des intestins – tout écrivaine que je sois, je ne suis pas un pur esprit – or je suis incapable de faire caca chez l’habitant donc ensuite j’ai mal au ventre pendant que je m’efforce de sourire à tes amis venus applaudir ton festival de gauche, Éric

(de sourire bénévolement parce que ta cause de gauche requiert que des écrivain.e.s sans le sou donnent de leur temps pour elle)

alors aucun regret, cher Éric


indigestion

j’ai quatre jours chez moi entre deux déplacements ;
je n’ai pas eu le temps d’assimiler la Californie, j’étais à la Villa Yourcenar ;
je n’ai pas eu le temps d’assimiler ma résidence Vertébrale(s), j’étais à Liège ;
je n’ai pas le temps d’assimiler ma résidence à Liège, je pars prendre sept trains et quatre bains de foule (le tout en gérant les coulisses – ma logistique et celle de mes collaboratrices au cœur de leur propre chaos et le secrétariat qu’un tel merdier implique)

ce n’est pas la vie ; vivre, ce n’est pas enchaîner les expériences sans prendre le temps de les laisser infuser (ce qui revient à manger 24h/24 sans prendre le temps de digérer)
je ne peux pas continuer comme ça, je ne veux pas
mon seul moment de suspens, c’était hier matin dans le brouillard, toujours ce brouillard salvateur qui oblitère tout pour un temps
puis de nouveau la précipitation, le multi-tâches, les requêtes incessantes comme des mouches sur le nez d’un cheval

de Liège (4)

Les gens les plus attentionnés, doux et généreux du monde vivent à Liège. Ils sont aussi passionnés, créatifs, curieux et bien d’autres choses auxquelles j’accorde beaucoup de prix. Quant à la ville elle-même, elle est étonnante, un peu folle, souvent très drôle ; elle est aussi comme un patchwork de villages disparates, superpose le très moderne au très ancien, les fait cohabiter parfois d’une manière qui fait sourire. Je ne le dis pas de beaucoup de villes mais je pourrais tout à fait y vivre. Avant de commencer mes longues journées d’immersion dans l’écriture et la fabrication de l’objet avec Catherine (et la formidable complicité de Benjamin, Emelyne et Charlyne), j’allais découvrir la ville d’une foulée tranquille ; hier matin, j’ai couru deux heures parce que ça semblait le meilleur moyen de voir le plus de choses différentes en un temps limité. J’ai d’abord longé le fleuve jusqu’à la confluence de la Meuse et de sa dérivation (on appelle outre-Meuse l’île sertie entre le fleuve et sa dérivation ; j’adore la toponymie liégeoise, comme la rue Hors-Château, par exemple, où vit mon amie Marion Renauld – ces prépositions très imagées me plaisent beaucoup, elles me rappellent un cours de linguistique où on réfléchissait au fait que si on peut dire « le pull est dans l’armoire », on ne peut pas dire à l’inverse « l’armoire est hors du pull » ; eh bien, à Liège, peut-être bien que si). Je courais donc au long du fleuve quand j’ai croisé Lisette Lombé, qui faisait une promenade matinale, ce qui était pour le moins surprenant (Liège = 200 000 habitants).

Puis j’ai gagné le parc de la Chartreuse, que j’avais déjà visité deux jours plus tôt et qui m’avait complètement subjuguée, avec ses bâtiments à l’abandon plus que délabrés mais dont l’accès n’est pas interdit par voie de panneaux, parpaings, grilles et autres empêchements si français mais laissés à la disposition et à la responsabilité du public, ce qui est tout de même nettement moins infantilisant.

La ville a renoncé à vendre le site à des promoteurs après qu’il a été occupé par des habitant.e.s – qui se relayaient pour lire La Chartreuse de Parme en entier (Catherine en était, et Charlyne, et Christine Aventin, que j’ai rencontrée), parrainaient des arbres, organisaient des performances, etc. La population a obtenu gain de cause. On peut donc toujours visiter les bâtiments désaffectés, à ses risques et périls.

Hier des bruits m’ont fait peur, je me suis enfuie dans les bois et me suis soudain rendu compte que je me trouvais au sommet d’un rempart. Si, vu du ciel, le dessin du fort a l’air simple, on s’y perd facilement, notamment parce que la nature a repris pas mal de ses droits : d’une part, elle limite la visibilité, d’autre part on y trouve tant de sentiers – plutôt des lignes de désir, à vrai dire – que la perception du site au sol en est bouleversée.

Cette anecdote prouve qu’on ne tombe pas du rempart au prétexte qu’il n’y a pas de panneau danger.

Retour au bord du fleuve, où l’on rencontre donc des poétesses mais aussi des canards peu commodes et

des gens tous nus qui jouent à saute-mouton.

Autre colline, autres visions flippantes : ici, une cage qui m’a évoqué les montreurs d’ours, que j’ai découverte du haut et à laquelle on accède par ce passage.

Nous sommes maintenant à proximité de la Citadelle, sur ce qu’on appelle les Coteaux ; ci-dessous, on aperçoit depuis lesdits un terril que je n’ai pas eu le temps de visiter (ce sera pour la prochaine fois).

Il y a aussi à Liège un goût des passerelles, dont les fidèles lecteurices de ma rubrique National Géo savent combien je le partage.

Depuis la Citadelle, on a une vue particulièrement impressionnante sur la ville ; ici, au lever du soleil. (Une réalité que je ne peux écarter pour la beauté du paysage, cependant, c’est que toutes les collines boisées sont peuplées de sans-abri en tente, parfois en campements entiers ; on en découvre au détour des lacets, plus ou moins visibles depuis les sentiers ; la police ne les ennuie pas, me dit-on, et pour cause : tant qu’ils restent là, les touristes ne les voient pas.)

Une autre passerelle que j’ai beaucoup aimée, outre-Meuse.

Pourquoi écrivais-je que la ville est amusante ? Eh bien, si nous sommes d’accord pour dire qu’une grande ville est toujours un peu en travaux, généralement elle planifie les chantiers de manière à ne par causer sa propre paralysie. Liège, non : le tracé du tram défini, on a commencé à creuser partout en même temps, de sorte que voitures, vélos et piétons naviguent à vue au milieu des trous. Comme le disent mes amies liégeoises : Tant qu’il y a des trous, il y a de l’espoir ; une fois que les constructions sont sorties de terre, tu n’as plus qu’à pleurer.

Une vue de la fac de philo, qui apparaît en tout petit dans notre livre-objet ; j’ai intitulé la photo La phénoménologie de l’esprit.

Bref, I

Liège. I’ll be back soon, c’est sûr…

de Liège (3)

notre livre est un objet constitué de diverses petites formes, il s’appelle sauvages et il a un ISBN

bientôt des photos de la performance qui a eu lieu hier soir au Comptoir du Livre, 1h après que nous avons fini de mettre les divers éléments dans leurs pochettes

Catherine et moi sommes infiniment reconnaissantes à l’adorable et talentueux Benjamin Dupuis, sans qui cet objet ressemblerait sans doute à un tas de feuilles A4 agrafées

de Liège (2)

  1. ville de Liège
  2. unité mobile de formation
  3. passerelle plongeoir
  4. escalier déconseillé
  5. cercle de rien
  6. tuyaux
  7. sens du poil
  8. tout petit cirque
  9. bitch bouche bavant…
  10. … un fleuve
  11. arbustes en forme de bennes à verre municipales
  12. ici tous les bijoux sont vendus
  13. faune d’un labyrinthe de plastique rouge et blanc
  14. la phénoménologie de l’esprit
  15. tiens, on dirait que quelque chose se prépare, par ici
  16. chevalement de comptoir
  17. labyrinthes de plastique rouge et blanc

de Liège

mini pause blog dans un programme chargé (8h-minuit) ; mais qu’est-ce qu’on s’amuse…

Au Comptoir du Livre à Liège

surchauffe

Je suis reconnaissante d’être invitée un peu partout pour faire toutes sortes de choses le plus souvent intéressantes. Mais je suis épuisée. Ce qui m’épuise le plus, c’est de ne pas avoir le temps d’écrire. Je suis constamment interrompue par des mails et des coups de fil, je passe un temps vertigineux à faire mon secrétariat, à régler des questions administratives et logistiques, à relancer des institutions pour demander si je peux être payée s’il vous plaît pour le travail que j’ai fourni (mes revenus me placent officiellement sous le seuil de pauvreté). Alors j’ai pris une décision :

L’année prochaine, je prends une année sabbatique pour écrire.

Pour me consacrer à Permanent Draft et à Vertébrale(s), aussi, mais c’est différent : ce sont mes espaces de respiration, d’interactions et ce sont mes projets, pas seulement les miens certes mais ils me sont d’autant plus précieux. Cette promesse que je me fais m’aidera, je l’espère, à tenir jusqu’à juin.