Regnéville, acte 2, jour 4

Hier, j’ai fini de synthétiser les corrections que Wendy et moi avons apportées à notre manuscrit ; il a l’air d’une chambre d’ado avec ses annotations de diverses couleurs dans les marges, ses paragraphes biffés, ses surlignages ; puis j’ai relu les épreuves d’un livre dont je n’ai pas encore le droit de parler, disons un roman institutionnel. J’ai aussi répondu à 73 mails, préparé une interview, pris des billets de train pour aller ici ou là faire des lectures, des bidules. Toujours pas un mot de Nue dans ce séjour qui touche à sa moitié. Le soir, j’ai retrouvé Marianne pour l’apéro et le dîner, toute timidité a fini par déserter notre salle à manger, les discussions roulent et on rit bien. Ce soir, on accueille trois amies.

Ce matin, la lumière varie imperceptiblement à chacune de mes foulées, les tons se fondent, j’absorbe cette beauté, je voudrais m’étendre dans le sable et laisser le sel pailleter mes lèvres mais Valentina me manquerait plus encore alors je poursuis, elle me chuchote pazienza, on s’est trouvées, le plus gros est fait, soyons reconnaissantes de ce miracle. Sur un mur de Londres, des affiches « I <3 Fanny » apposent un tampon sur notre bonheur – un de plus. Ma gratitude déborde l’horizon, ce matin. Il y a un mois, je me croyais condamnée à une vie de solitude, d’amertume et de regrets : avalés par une vague. Voici 11 inspirations profondes et iodées pour dire merci.