Bestiaire de Brookyln (2)

Comme vous et moi, Brooklyn aime les animaux, pas seulement les animaux communs dans les villes, tels que lions, aigles, cygnes ou écureuils. Comme le prolétaire de la métropole lilloise, le Brooklynien aime les chevaux ; comme le bobo de la métropole lilloise, le Brooklynien aime les flamands roses ; mais le chameau, ça, ça vous scotche, hein ?

Quelques précisions au sujet des lions de Brooklyn

Certains lions de Brooklyn sont accablés de fatigue.

Certains sont en colère – c’est plus rare dans la métropole lilloise, si l’on fait exception du terrible fauve de Wattignies (rappelez-vous, ou bien cliquez ici).

D’autres sont heureux et très fiers parce qu’ils ont des maîtres qui les aiment assez pour les peindre et leur offrir la compagnie d’un aigle.

Je précise que les lions sont absents des quartiers chic évoqués plus tôt, Brooklyn Heights ou Dumbo, pour preuve que le lion a bien sa place dans la catégorie Kitsch & Lutte des classes.

Humblement

Ce matin, j’ai couru chez les bourgeois de Brooklyn Heights et Dumbo. Chez moi, 95% de la population est noire, mais là, vous ne croisez que des bobos blancs – papa mal rasé, en bermuda, maman insipide et les quatre enfants : les églises en vomissent des flots ininterrompus sur les trottoirs étroits. Mais c’est beau, fleuri, bien entretenu, et c’est bordé par l’East River, dont on peut longer les berges assez longtemps, admirant la skyline de Manhattan et regardant sous les jupes des ponts – les ponts de Brooklyn, de Manhattan et de Williamsburg, dans l’ordre, du sud au nord (ou de l’ouest à l’est, ça fonctionne aussi). Sans vouloir me faire briller, j’ai bien failli gagner une course à laquelle je n’étais pas inscrite. Je ne cessais de dépasser allégrement des groupes assez denses de joggeurs fluorescents et il a fallu que je voie plusieurs fois des bénévoles en rose indiquer des courbes du chemin pour que je me retourne, intriguée, et m’aperçoive que tous ces coureurs portaient un dossard. Ensuite, j’ai retrouvé mes petites rues désertes et j’étais bien contente.

67 upper rooms & kitchens

Pourquoi 67 ? Parce que, des églises et des bazars du genre, il y en a quelque chose comme 1767 à Brooklyn et qu’à un moment, il faut que j’arrête de les prendre en photo : ça devient aussi obsessionnel chez moi qu’en leur temps les Rideaux et Voilages – du moins n’est-ce pas ce qui va me hanter ici, les R&V, il n’y en a pas plus que de chalets du Nord. Alors j’ai décidé que ce serait 67, qui est un nombre premier : pourquoi pas ?

J’ai pris ces 67 photos en deux courses à pied + une promenade, de Ridgewood à Prospect Lefferts Gardens, soit cinq quartiers sur dix-huit : je n’ai pas peur de griller toutes mes cartouches en un dimanche. Et puis les églises sont loin d’être les seules bondieuseries à disposition dans le borough ; il n’y a peut-être pas ici de chapelles ni de calvaires aux coins des rues comme c’est le cas dans nos petites villes et nos campagnes mais ne vous inquiétez pas, des initiatives individuelles comblent ce manque visuellement douloureux pour le Français provincial de passage.

Excusez, je vous prie, la perspective quelque peu tordue de certaines photos ; parfois les rues sont trop étroites et les bâtiments bien trop imposants, en hauteur comme en largeur, pour qu’il soit possible de trouver un angle satisfaisant, du moins avec un appareil tel que le mien.

Soyez bien gentils et dites-moi laquelle de ces églises emporte votre préférence, je les ai numérotées exprès – épargnez vos pigeons, un mail ou un mot sur Whatsapp me satisferont pour cette fois. De mon côté, je confesse un petit faible pour la seule église que j’ai prise en couleurs à d’autres fins que de vous laisser en savourer les néons défilants – et que gâchent, sur la photo, deux voitures garées là. Je lui ai attribué le numéro 43.

Une dernière excuse : j’ai mélangé les confessions, les églises, les synagogues, les temples, etc., ok ? God is God is God is God – enfin, à part pour l’Égypte antique, ci-dessous dûment représentée (je lui ai attribué le numéro 23).

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Beauté divine

Je vous ai montré assez de gens allongés par terre avec leurs violons, violoncelle, clarinette basse et autres. Cet après-midi encore, ils m’ont donné des frissons. Les voici debout, au YPC.

(Je ne vous les présente plus, vous les avez déjà vus ici.)

Maintenant, voici le groupe des plus jeunes choristes du YPC, avec Meredith Monk et Allison Sniffin. C’était tellement beau que nous étions quelques-uns à pleurer.

(Meredith Monk, Allison Sniffin et Adedayo, l’une des solistes du groupe des plus jeunes.)

(Le groupe au grand complet, accomplissant des prouesses vocales avant de bouger dans l’espace en plus.)

(Meredith Monk avec Tenzin, Carter et Adedayo, nos merveilleux solistes.)

Skeletons

Une semaine avant la première au Lincoln Center, c’était électrique cet après-midi au YPC. Tout le monde est épuisé mais encore plus survolté. Francisco J. Nuñez dansait en dirigeant le chœur – ça ne se voit pas sur la photo ci-dessous, toutes celles sur lesquelles il danse étant nécessairement floues.

Nous avons eu la visite d’Ellen Fisher (assise ici auprès de Meredith Monk), qui a reproduit rien que pour moi, sous le regard perplexe de l’assemblée, la chute qui me fait tant rire dans Skeleton Lines – je vous en ai déjà posté la vidéo sur ce blog, peut-être même plusieurs fois, mais si vous êtes passés à côté, je suis gentille, la revoici (le squelette Ellen chute vers 2’20, au cas où vous seriez pressés – ce serait bien dommage) :

(L’on voit également dans la vidéo Katie Geissinger, que je côtoie pas mal aussi ces derniers jours.)

Not tourist

Cet après-midi, avant la répétition, j’ai marché dans Manhattan. Mon but était la monstrueuse, paradisiaque librarie Strand, home to 18 miles of books, comme le dit la pub. J’y ai trouvé deux Stewart O’Nan inédits en français (mais que fait L’Olivier ?) J’y ai renoncé à Grapefruit de Yoko Ono, trop cher, mais qui sait si je ne craquerai pas d’ici le 5 novembre ? Après tout, c’était l’une des raisons de ma venue dans le temple Strand. Ensuite j’ai cherché sur mon plan quel chemin suivre jusqu’au Lincoln Center, j’ai remonté Broadway, traversé Union Square, où il ne faut pas regarder les écureuils, sinon ils vous sautent littéralement dessus,

et soudain qu’ai-je aperçu dans le lointain ?

Eh oui…

L’Empire State Building est venu à ma rencontre.

Kay Thompson : No, no, we’re not tourists.
Audrey Hepburn : Do we look like those people who run around gaping all day?

La tour Eiffel vue par Hollywood en 1957, dans cet extrait de Funny Face de Stanley Donen, avec Fred Astaire et les deux susdites, musique des Gershwin.

Cars

Pour vous, messieurs, que votre genre porte à aimer les automobiles, ce billet spécial. Mesdames, je vous revaudrai ça : qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Une petite série sur les bars à ongles ? Des salons de coiffures ?